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Noms de lùocs - Page 62

  • Cronica de toponimia, per Joan-Claudi Dugros

    Jean-Claude Dugros propose une série de toponymes qui font référence au monde animal. 

    Après les oiseaux sauvages, les oiseaux domestiques et aujourd'hui l'oie.

    L'aucha, l'auca

    La Patte d’Oie à Beynac-et-Cazenac, à Villamblard et à Saint-André-d'Allas, sont des traductions intégrales. Le toponyme représente généralement un carrefour.

    Pour trouver une identité occitane, il faut chercher les mots auca (prononcer /aouko/) en sud-occitan et aucha (prononcer /aousso/) en nord-occitan, et leurs dérivés.

    Lauche, à Saint-Lazare, Lauche (forme ancienne Eccl. paroch. de Lauchas en 1471, Egl. paroissiale de Moniac des Loches en 1708.) et Font de l’Auche à Léguillac, À Font-de-Lauche, à Négrondes, renvoient vraisemblablement à un gaulois olca (terre labourable). Dans le nord-occitan, òlcha passe à òucha / aucha, parfait homophone d'aucha (oie), déjà présent dans la forme ancienne latinisée Fons Anseris en 1490, de Font de l’Auche à Léguillac, qui devient « La Fontaine de l'Oie ». 

    On retrouve cette attraction dans d'autres toponymes. Si l'occitan auchon (/aoussou/) désigne l'oison, les formes L'Auchou à Cornille, à Tocane, Lauchou à Doissac, Pey d'Auchou, à Boulazac, peuvent aussi désigner un diminutif du nom de personne Doche, Dauche, bien présents en Périgord. Il en de même pour Lauchie à Saint-Amand-de-Coly, où le nom de domaine (finale en -ie) « renvoie à un nom de personne Auche ou Lauche, « à rapprocher de Louche (à Celles) et du patronyme Doche, Dauche bien attesté en Périgord, qui peut être un nom de lieu d’origine :*D’Auche < D’Aucha ». (J. Roux).

    On considère les noms de famille Alquier / Alquié et Auquier / Auquié comme noms de baptême issus du germanique. Mais, dans le cas du toponyme Laucher par exemple à Beauregard-et-Brassac, l'article agglutiné dirige vers l'occitan l’auchier, l'éleveur d’oies  plutôt que vers le nom de famille Auch(i)er.

    Lauquerie à Saint-Georges-de-Montclard et à Clermont-de-Beauregard, peuvent aussi bien être un élevage d'oie (en occitan aucariá /aoukario/), comme le domaine d'un nom de personne Auqu(i)er.

    Joan-Claudi Dugros

     

  • Cronica de toponimia, per Joan-Claudi Dugros

    Jean-Claude Dugros propose une série de toponymes qui font référence au monde animal. 

    Après les oiseaux sauvages, les oiseaux domestiques. Seconde partie sur le coq, la poule.

    Lo jau, la jalina, lo gal, la galina (seguida e fin)

    L'occitan galinièr / jalinier désigne un marchand de volailles. 

    On le trouve dans La Galinerie à Proissans : c'est le domaine du nom de personne Galinier, Le Galinier à Loubejac, Pech Galinier à Nabirat (forme ancienne au Pech Galigné), associé à l'occitan puèg (colline), La Galinière à Eymet (1777), à Rouffignac-de-Sigoulès, Les Galiniers, à Villefranche-du-Périgord, Galineix à Sorges.

    Dans la variante nord-occitane, La Jaligne à Corgnac-sur-l’Isle (en occitan La Jalínia, avec remontée de l'accent tonique), c'est la même chose que Jalinie à Saint-Jory-de-Chalais (formes anciennes La Jalinie, Jalinié) et La Jalinie à Eyzerat. Peut-être un lieu où l’on a dû élever des volailles, comme Jalinier Bas et Jalinier Haut à Ribérac, Le Jalinier (Le) à Sainte-Sabine et Jalinière à Beaupouyet.

    Les Pouleries et Lande des Pouleries à Jumilhac-le-Grand : de l'occitan polariá (prononcer /poulario/ « marché à la volaille », du latin pullus (petit d’animal), d’où « poussin ».(Yves Lavalade) 

    Le Poulet à Génis, La Poulette à Saint-Victor et le ruisseau La Poulete à Saint-Félix-de-Bourdeilles (Rivus voc. la Pouleta en 1475), complètent notre énumération loin d'être exhaustive.

    Pour terminer, citons la commune de Saint-Vincent-Jalmoutiers, en occitan Sent Vincenç de Jau Mostier, dont le déterminant mérite un article à lui seul. C'est la légende du « coq rôti » que l'on retrouve dans d'autres lieux en Dordogne comme le prieuré de Jarrauty (Jauroty à la fin du XVIIIe siècle), et Le Coq Rôti à Coulaures (en occitan Jau Rostit).

    Joan-Claudi Dugros

  • Cronica de toponimia, per Joan-Claudi Dugros

    Jean-Claude Dugros propose une série de toponymes qui font référence au monde animal. 

    Après les oiseaux sauvages, les oiseaux domestiques. Après le canard, le coq, la poule, en deux parties.

    Lo jau, la jalina, lo gal, la galina

    Le Bos du Coq à Saint-Paul-la-Roche, à demi francisé (occitan bòsc, bois), La Combe du Coq à Eyliac, La Vigne de Coq à Issac, Le Pied du Coq à La Boissière d’Ans, font vraisemblablement référence au nom de famille Coq bien représenté en Gironde et en Dordogne, sobriquet « évoquant, sous le nom de ce volatile, un port altier, un certain orgueil fondé ou non sur une position sociale élevée » (Astor).

    Par contre pour le toponyme Au Nid du Coq à Florimont-Gaumier, aujourd'hui disparu, Peter Nollet y voit plutôt le nom de famille Escot…

    L'occitan gal, gau (sud-occitan) / jau (nord-occitan) (du latin gallus), désigne le coq. L'origine remonte à saint Gal, évêque de Clermont-Ferrand au VIe, cognomen très fréquent à l'époque gallo-romaine et qui signifie Gallus, Gaulois ou gallus « coq », avec un sens figuré. 

    On le trouve dans Chante-Gal à Atur et en diminutif Gallet à Eymet et à Prigonrieux, Galin (dans Galinie à Port-Sainte-Foy-et-Ponchapt et La Galinie à La Chapelle-Aubareil), Les Galinottes à Cazoulès, Le Galinou à Gageac-et-Rouillac), à Pomport, Haut et Bas Galinoux à Bergerac, Les Galinoux à Creysse. Ces diminutifs évoquent le coquelet, le jeune coq.

    Du latin gallina, l'occitan jalina (nord-occitan) / galina (sud-occitan) est bien présent dans les toponymes de notre région :

    Chante-Geline à Javerlhac, à Mensignac (formes anciennes Cantus Gelinae en 1373, Cantus Gallinae en 1365, francisé aujourd'hui en Chante-Poule. Lieu-dit célèbre par la bataille qui s'y déroula et où le capitaine de Nouvans, dauphinois, fut défait et tué "en Périgord, en un petit village, qu'on appelle Chante-Geline, je croy le plus chétif du pays..." (Brantôme), et Chante-Poule, à Saint-Aquilin.

    Galina à Montaut, à Campsegret, à Orliaguet, à Tamniès, Le Galinat à Campsegret et Les Galinats au Bugue, sont peut-être l’occitan galinat (coq, poulet) ; un dérivé de gal (le coq) et de galina (la poule), nom de personne très courant en Périgord, avec le sens d'éleveur de volailles. 

    Au Galine, à Vergt. Pour Grate-Galine, à Saint-Julien-de Lampon (forme ancienne Mansus de Grata Gualina, 1429), il est préférable d'y voir le prélatin *GAR- (roche, dureté), déjà rencontré.

    A suivre...

    Joan-Claudi Dugros