Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Noms de lùocs - Page 60

  • Cronica de toponimia, per Joan-Claudi Dugros

    Jean-Claude Dugros propose une série de toponymes qui font référence au monde animal. Aujourd'hui, le lièvre.

    La lebre

    Le lièvre se dit la lebre / la lèbre en occitan (féminin) (du latin lepus, leporis).

    La Lèbrerie à Plazac : c'est le domaine du nom de personne Lebre (attesté en Dordogne) + suffixe d'appartenance -iá.

    Les Lebrets au Buisson-de-Cadouin : diminutif. Le pluriel indique le collectif. Tout comme la francisation Les Lièvres à Saint-Martin-de-Gurson.

    Levraud à Saint-Front-d’Alemps, Levrault à Léguillac-de-l’Auche, Les Levrauts à Ribérac, Chez Levreaud : probablement des surnoms, de l’occitan lebraud (prononcer /lébraou/) « jeune lièvre ».

    Parmi les appellations populaires qui peuvent évoquer des lieux écartés, sauvages, notons le délicieux Spinguelèbre à Prigonrieux, littéralement : « danse-lièvre », de l'occitan espingar « gambader, danser ».

    Gape-Lèbre, lieu-dit de la commune d'Issac, est plus obscur, mais sans doute un surnom né d'une anecdote. Pour Porte-Lèbre à Agonac (Locus voc. de Porto Lebre en 1478), relevé par Jean-Louis Lévêque et non localisé, il pourrait s'agir d'un surnom de chasseur, littéralement « qui apporte le lièvre ». Pied de Lièvre à Sorges, semble récent. Quant à Le Château du Lièvre à Champs-Romain, d'après Yves Lavalade, il s'agit d'un « expression imagée qui vient sûrement des rochers dont les pointes dépassent le sol dans ces parcelles ».

    Le nom de famille Lalièvre était présent en Dordogne. On le trouve aujourd'hui en Gironde.

  • Cronica de toponimia, per Joan-Claudi Dugros

    Jean-Claude Dugros propose une série de toponymes qui font référence au monde animal. 

    Aujourd'hui, le castor et sa rivière la beurona, ainsi que quelques autres animaux, l'écureuil, la fouine et le hérisson.

    La Beurona

    Le sens étymologique de Beauronne est « la rivière aux castors » (du gaulois *bebros = castor, joint au suffixe hydronymique *-unna = source, rivière). *Bebrunna a donc évolué vers l’occitan Beurona, (prononcer /béourouno/), lui-même francisé en Beauronne. Plusieurs cours d’eau du Périgord portent le nom de Beauronne. Le mot français castor s'est substitué à bièvre (même racine que beaver, en anglais). 

    Beauronne à Chancelade (Pons de la Beurona en 1392, Beorona en 1325). En 1793, la municipalité de Beauronne prend le nom de Chanselade, rectifié en Chancelade en 1801. Le hameau Pont-de-la-Beaurone, commune de Chancelade, est désigné Pons de Beaurona en 1115, Leprosia de Beurona en 1284.

    Beauronne, commune du canton de la Vallée de l'Isle (Beorona au xiiie siècle), Beurona en 1320, Beaurone de Douzillac en  1760). 

    Beauronne à Saint-Nexans (Beurone en 1587).

    Parmi les ruisseaux qui portent le nom de La Beaurone, citons l'affluent de la Couse (Beurone ; Beyrone), la Beauronne qui coule à Agonac (Rivus de la Beurona en 1230, la Beourona en 1468), La Beauronne qui coule aux Lèches et à Saint-Médard-de-Mussidan. La Beaurone est aussi un ruisseau de la Double.

    En occitan, le castor est toujours appelé vibre (prononcer /bibré)/. On le trouve dans Mireille, de Mistral :

    De vibre, long de la lauseto,

    Rousigavon de la sauseto

    La rusco amaro

    « des bièvres, le long de la grève / rongeaient de la saulaie / l'écorce amère »

    Mistral cite aussi l'expression : Minjar coma un vibre : « manger de grand appétit, dévorer ». 

     

  • Cronica de toponimia, per Joan-Claudi Dugros

    Jean-Claude Dugros propose une série de toponymes qui font référence au monde animal. 

    Aujourd'hui, le chevreuil, suite et fin.

    Lo chabròl, lo chabròu ( seguida e fin)

    L'occitan cabròl/chabròl/chabròu désigne le chevreuil. Le surnom peut s'appliquer à « un individu aux mœurs un peu sauvages, un peu aventurier, qui court par monts et par vaux » (Astor). 

    Au suffixe collectif -iá (prononcer /io/) ci-dessus, on peut ajouter le suffixe -ièra /ièro/ de Chabrolieyre à Champagnac (forme ancienne Mansus de Chabrolieyras) et le suffixe -enc(a) de Chabroulen à Millac-de-Nontron (Forestage de Chabrolenc au xiie siècle : Las fourets Chabroulen en 1745). 

    Noter que Chabrouille (La Chabrouille) à Saint-Barthélémy-de-Bellegarde et à Bassillac (forme ancienne de La Chabroulie), variantes nord-occitane de La Crabrouille à la Monzie-Montastruc (forme ancienne La Cabroulye en 1602) et à Saint-Martin-des-Combes, sont des formes parfaitement occitanes, avec remontée de l'accent tonique. Malheureusement bien déformées par la transcription « phonétique » francisée. 

    La Chabrolle à Borrèze, Chabrouty à Saint-Pierre-d’Eyraud et Chez Chabry à Servanches : les noms de personne Chabrolle, Chabrouty et Chabry sont bien présents dans nos départements occitans.

    Montechabroulet à Mialet (formes anciennes Montetchabroulet, .Mont-Chabroulet) : « le petit mont de Chabroulet » ; diminutif du patronyme Chabrol (Chabròu).

    Vous avez noté que l'occitan est toujours bien présent dans ces lieux-dits et noms de personnes. Il l'est aussi dans ce dicton qui rappelle la sagesse de nos anciens : Aprèp la sopa, un bon chabròl (chabròt) pana un escut al (au) medecin : « après la soupe, un bon chabròl (chabròt) vole un écu au médecin ». Si l'étymologie du mot est obscure, sa définition : « bouillon ou soupe que l'on termine avec du vin rouge » est bien claire. Alors, n'hésitez pas : avec ou sans modération, mais « faites chabròu (chabròt) » !

    Joan-Claudi Dugros