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Joan-Claudi Dugros - Page 36

  • Cronica de toponimia, per Joan-Claudi Dugros

    Après les « chafres » (sobriquets) qui sont à l’avantage de la personne, comme toute médaille à son revers, les travers et les vices que nos anciens ont su déterminer chez leurs contemporains perdurent encore aujourd’hui chez des porteurs qui n’en sont plus du tout responsables… 

    Los chafres : Sadol, Chanela, Tardiu, Codena

    En occitan, sadol signifie « repu, rassasié, saoul », mais en tant que sobriquet, sadol  « est à prendre au sens de « blasé de la bonne chère, blasé de tout » (Astor).

    On trouve Les Sadouls à Montpeyroux et deux individus dénommés Sadolet, dans Le Livre Noir de Périgueux, relevés par Jean Roux.

    La Chanelle à Saint-Antoine-de-Breuilh : l’occitan chanela désigne la cannelle (robinet de barrique, en bois) : la forme nord-occitane nous oriente vers « le domaine, les terres » de la famille Chanel, plutôt que vers la « canelle » de la source (tuyau qui la canalise). À moins qu’il s’agisse d’un surnom ?

    L’occitan tardiu « tardif, en retard, lent » est présent dans La Tardive à Léguillac-de-Lauche (1514) : c’est « le domaine, les terres » de Tardieu ou Tardif (noms de personne attestés en Dordogne). Le nom de famille Tarde est bien connu en Périgord.

    L’occitan codena « couenne » (du latin cutanea, cutis, peau) a plusieurs significations : surnom de charcutier ou de marchand de porcs ; pelouse sèche ou terre aride ; personne très maigre, qui n’aurait en quelque sorte que la peau et les os.

    La Coudenie à Champniers-et-Reilhac : c’est la propriété de Coudene, Coudenne (nom de personne qui a son maximum en Dordogne). Pour Le Coudenat à Saint-André-d’Allas (1831), Peter Nollet privilégie le « dérivé probablement péjoratif de codena (gazon de pré), donc mauvais pré. » 

  • Cronica de toponimia, per Joan-Claudi Dugros

    Après les « chafres » (sobriquets) qui sont à l’avantage de la personne, comme toute médaille à son revers, les travers et les vices que nos anciens ont su déterminer chez leurs contemporains perdurent encore aujourd’hui chez des porteurs qui n’en sont plus du tout responsables… 

    Los chafres : Gastaví, Pissavin, Poqueta, Beu l’aiga

    Gastaví (prononcer /gastovi/) est un autre surnom du Moyen-Âge, composé de l’occitan gasta « gâte » et vin « vin ». Jean Roux en a relevé trois dans Le Livre Noir de Périgueux : Johan de Gastaví, H. de Gastaví et Peyre de Sans apelat Gastaví.

    Le nom de famille Pissavin / Pissevin est toujours attesté. Il a pu désigner des noms de grands buveurs de vin. Il est peut-être présent dans La Tuilerie de Pisse-Vi à Sainte-Sabine-Born. Mais les toponymes Au Pissevin à Daglan et Pissevit à Sarlat peuvent représenter l’occitan pissavin qui désigne un « courson de vigne à yeux nombreux » et rappeler la présence de vignes, aujourd’hui disparues (Peter Nollet).

    Pouquette à Eymet pourrait être aussi un surnom : « l’occitan poqueta (prononcer /pouquéto/) désigne une « petite chopine » Serait-ce un surnom de buveur ? On a de l’autre côté du lac de l’Escourrou le lieu-dit « le Lubriac », l’occitan (l’)ubriac désignant l’ivrogne ! (Jean Rigouste).

    Le nom de famille Beulaygue est attesté en Périgord. C’est l’occitan beu l’aiga (prononcer /béou l’aygo/) « boit l’eau » qui désigne, par antiphrase, un buveur de vin.

    « Le gendre de Beulaygua » est cité en 1381 à Bergerac, où existe encore le lieu dit Beulaygues. Gourgues a relevé Font-Beulaygue, à la Force, qui semble aujourd’hui disparu.

  • Cronica de toponimia, per Joan-Claudi Dugros

    Après les « chafres » (sobriquets) qui sont à l’avantage de la personne, comme toute médaille à son revers, les travers et les vices que nos anciens ont su déterminer chez leurs contemporains perdurent encore aujourd’hui chez des porteurs qui n’en sont plus du tout responsables… 

    Los chafres : Perpinha, Guirguilh, Bolega, Chaupin

    Perpigne à Villamblard (forme ancienne Perpignie, en 1606) : la forme ancienne confirme qu’il doit s’agir du domaine, des terres du nom de personne Perpinh ou Perpinha (Perpigne est attesté comme nom de personne dans les registres paroissiaux), qui vient de Perpennius (du gaulois Perpenna). Mais le mot occitan perpinha (prononcer /perpigno/) existe aussi au sens de « tracassier, tricheur, querelleur » : peut-être un surnom ? La Perpignerie à Plazac, est une autre forme de propriété, avec le suffixe d’appartenance –erie.

    Yves Lavalade a étudié le toponyme Guirigui à Anlhiac (forme ancienne Chez Guériguy) : « probablement tiré de l’occitan guirguilh (querelle, dispute) pour quelqu’un au tempérament querelleur ».

    Le verbe occitan bolegar signifie « remuer, secouer, agiter ». Il a pu donner le surnom de quelqu’un « remuant, grouillant, frétillant ». Boulégue à Montferrand-du-Périgord, à Naussanes (aujourd’hui Bouleygue), Bouleguot à Chavagnac (aujourd’hui Boulégot). Peter Nollet a relevé Champ de Boulegou à Florimont-Gaumier (1838).

    Le nom de personne Chaupinaud a son maximum en Haute-Vienne. On le trouve déjà au Moyen Age, comme surnom, sous la forme Chopinot, mais si Chopinot peut être un diminutif masculin de l’occitan chaupina / chopina « chopine, mesure de liquide », donc un surnom de buveur, il peut aussi venir de l’occitan chaupin qui désigne une « rixe, querelle » et donc un surnom de bagarreur.