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Joan-Claudi Dugros - Page 34

  • Cronica de toponimia per Joan-Claudi Dugros

    Hypocoristique de Joan, Joana ( 1ere partie)

    Il était très courant que, dans une maison, le fils porte le même prénom que son père, ou le petit-fils, ou un autre descendant. Alors, on utilisait la suffixation occitane, qui pouvait être un diminutif simple ou double, un suffixe augmentatif ou bien un suffixe complexe qui joignait diminutif et augmentatif. Jean Rigouste, que nous remercions vivement pour son aide précieuse, nous précise que, riche de telles combinaisons, « le mot occitan, chargé de plus d’un suffixe, ne peut plus être traduit, sinon par une expression ou même par une phrase entière. ». Une ce ces pratiques porte le nom savant d’hypocoristique qui, nous dit Yves Lavalade, « sont des modifications affectives ou amicales d’un nom propre, d’un prénom. »

    Les toponymes du Périgord témoignent de l’imagination créative de nos anciens. Pour commencer, nous choisissons le prénom Jean / Jehan, Joan / Joana, qui était le prénom le plus répandu au 13ème siècle. Jean Roux a relevé dans les livres consulaires de Périgueux et de Bergerac, une soixantaine de Johan et dérivés Johanet, Johana, Johaní (Joanin), Johanicòt, Johanorat, Johanòt, Joniquòt Mais le succès de ces prénoms ne se limitera pas au Moyen-Âge, ils sont toujours présents dans nos noms de famille et lieux-dits.

    De nombreux toponymes sont composés du prénom Jean suivi d’un élément qui peut être un nom de personne, et qui ne rentre donc pas dans la catégorie des hypocoristiques. Souvent récents : Jean Demai à Audrix et à Journiac (le nom de famille Demai est attesté en Périgord) ; Jean d’Estève à Besse, Jean Géraud à Saint-Julien-d’Eymet, Jean de Négrot à Campagne (le nom de personne Negrot, rare, est attesté) ; Jean Michaud à Monestier. Pour Jancoupy à Vélines, l’étymologie est obscure. Peut-être un nom de personne, Coupy est attesté dans le nord du Tarn-et-Garonne ; Jeanganeau à Saint-Seurin-de-Prats : peut-être le nom de personne Ganau, Gannau, Ganeau, Ganneau ? non attesté en Périgord. Ou bien une forme avec un -g- analogique (comme les Jeangoulies, ci-après) ; enfin, mais peu probable, un Joan (u)ganaud ? ; Les Jangoulies au Change (forme ancienne Les Jangoulies ou Les Jaugoulies) : peut-être une autre forme à consonne analogique -t-. ; Jeango à Eygurande-et-Gardedeuil : Jeangaud ? Jeangot ?

  • Cronica de toponimia per Joan-Claudi Dugros

    Après les « chafres » (sobriquets) qui sont à l’avantage de la personne, comme toute médaille à son revers, les travers et les vices que nos anciens ont su déterminer chez leurs contemporains perdurent encore aujourd’hui chez des porteurs qui n’en sont plus du tout responsables… 

    Los chafres : Faidit, Pagan, Jauvent ...

    L‘occitan faidit signifie « banni, déshérité, proscrit, exilé ». Le nom de personne est présent dans Feydidie à Grignols (Feydidia en 1406, Las Feydidias en 1485), Les Feydies (Les Feydis) à Salon. Il est aussi présent à Périgueux sous la forme diminutive Faydidó (prononcer /faydidou/) et aussi (Mestre) Guilhem Faydit / Feydit, consul de la ville ainsi qu’une autre personne.

    Les Payants à Château-l’Évêque (Les Payans) : c’est une variante de l’occitan pagan, paian qui désigne au Moyen Age « le paien », l’hérétique ?

    Aux Bellitres à Saint-Cybranet, relevé par Peter Nollet : « peut-être d’un surnom belitre (bélître, gueux, mendiant). »

    Au village de Jauvens (Joven), commune de Saint-Jean-de-Cole (Capella Sancti Leonardi de Jauvenc en 1192), Gourgues nous dit que, « à la Fontaine de l’Amour, lieu de grande réunion pour la jeunesse le jour de Pâques, en patois (sic) on nomme maou jauven (mau jauvent) un homme qui porte malheur. »

    Pour terminer cette série sur une note plus gaie, relevons, avec Yves Lavalade, Jauviderie à Saint-Front-la-Rivière (Jauvederie) qui est : « le domaine de Jauvit ; participe passé qu’il faut tirer du verbe jauvir (jouir) ; jauvit, heureux, réjoui ; sobriquet devenu patronyme. »

  • Cronica de toponimia per Joan-Claudi Dugros

    Après les « chafres » (sobriquets) qui sont à l’avantage de la personne, comme toute médaille à son revers, les travers et les vices que nos anciens ont su déterminer chez leurs contemporains perdurent encore aujourd’hui chez des porteurs qui n’en sont plus du tout responsables… 

    Los chafres : Lebraud, Jalès, Jalon ...

    Chez Levreaud à Busserolles : « probable surnom : de l’occitan lebraud, jeune lièvre. » (Y. Lavalade).

    Lebret  à Montagrier est un diminutif et La Lébrèterie à Atur, est son domaine, pareil comme Les Lebrets au Buisson-de-Cadouin. Mais il peut s’agir aussi de l’occitan bret avec article agglutiné (voir ci-dessus).

    « Pour ceux qui se prenaient pour de petits coqs de basse-cour » (Y. Lavalade) : Le Galet à Domme. La forme ancienne semble Jalès (1743), le Jallets. « Le nom de personne est attesté à Domme dès le 15e siècle » (P. Nollet). Les Jallets à Tursac. Le Jalley à Grand-Brassac (Jalaie ; Maynement Jalaia en 1270), Jalaix à la Caneda. Enjalay à Vitrac, Jalays en 1677, Jalay en (1762 : « le toponyme vient du nom de personne Jalais (Jalais, Jal(l)ay, Jallays). Il est introduit par la préposition occitane en qui a la valeur de « à » ou « chez ». En 1683, il est question d’une certaine Jeanne Jalais à Montfort dans les registres paroissiaux. » (P. Nollet).

    Puy-Jalon à Villars (aujourd’hui Puyjaloux), Combe de Puyjaloux à Milhac-de-Nontron. La Jalonias (La) à Sorges : c’est le nord-occitan jalon, diminutif de jal / jau « coq »). Pareil comme Villejalet à Lussas-et-Nontronneau, avec le diminutif jalet.

    Nous renvoyons nos lecteurs aux pages que nous avons consacrées aux animaux dans la toponymie.

    Baraton au Fleix et à Gardonne : c’est l’occitan baratar : « troquer, trafiquer ; frauder, duper, tromper ; parler à tort et à travers, se vanter, baratiner »