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Joan-Claudi Dugros - Page 66

  • Cronica de toponimia, per Joan-Claudi Dugros

    Rebiera

    L'occitan rebiera désigne les terres qui longent un cours d'eau (du latin riparia « qui se trouve sur la rive »), des plaines alluviales de dimension réduite, et par extension des zones marécageuses ou tourbeuses . On le trouve en Périgord exprimé en plusieurs dérivés :

    Rebeyrat à Saint-Barthélémy-de Bussière, Rebeyrie à Sorges, La Rebeyrolie à La Coquille,à Sarrazac (forme ancienne La Ribeyrolle), à Thonac, en occitan La Rebairoliá /lo rébeyroulio/ : les terres du nom de famille Rebeyrol, très répandu en Dordogne. C'est la même chose pour La Rebeyrolle à Saint-Léon-sur-Vézère et Les Rebeyrolles à Villetoureix.

    On relève aussi Rebière à Jayac, à Saint-Astier, à Mazeyrolles, La Rebière à Beauregard-et-Brassac, à Beleymas (forme ancienne Mayn. de Ripperia en 1304, La Rebiere en 1625), à Bourdeilles, à Groléjac, à Grignols (forme ancienne Rebierre), à Limeyrat, à Nantheuil, à Nanthiat, à Payzac, à Sainte-Marie-de-Chignac, à Saint-Front-la-Rivière, à Saint-Martial-d’Albarède, à Saint-Martin-de-Fressengeas, à Saint-Pierre-de-Côle, à Saint-Saud-Lacoussière.

    Le pluriel du toponyme Les Rebières à Agonac, à Azerat, à Badefols-d’Ans, à Boisseuilh, à La Boissière d’Ans, à Boulazac, à Dussac, à Neuvic, à Saint-Pardoux-la-Rivière, à Sorges, à Villars, peut aussi laisser penser à une famille Rebière dont le patronyme est également très répandu en Dordogne.

    Avec la variante ribiera, nous avons Ribiere à Saint-Pompont, à Busserolles, à Savignac-Lédrier, Les Ribières à Monsec, Ribeyrole au Change (Ribeyrolle, en 1503), Ribeyrolles à Lavaur, La Ribeyrolie à Savignac (Affarium de la Ribeyrolia en 1309).

    Les Ribeyrottes à Milhac-de-Nontron, avec une forme diminutive connue, Ribiéras à Étouars et à Saint-Martial-de-Valette.

    L'occitan n'est pas le seul a avoir conservé le sens de « rivage » : avec l'espagnol ribera qui signifie « rive, rivage », l'italien Riviera nous fait rêver à des berges ensoleillées… 

    Joan-Claudi Dugros

  • Cronica de toponimia, per Joan-Claudi Dugros

    L'Empeut

    L'occitan empeut (prononcer /empéou/ ou /empèou/) signifie « greffe » (du latin *impellitare). On le trouve dans des toponymes aujourd'hui devenus rares, mais bien présent dans les anciens documents. C'est ainsi que nous avons en Dordogne : Aux Empauds à Saint-Cybranet, Les Empeaux à Bussière-Badil, Issac, Monsac, Saint-Aubin-de-Lanquais, Sainte-Alvère, Les Ampeaux à Saint-Mesmin (et dans la Haute-Vienne), Ampeau et les Ampeaux en Corrèze, Empeaux dans la Creuse, La Croix d’Empéoute à Mazeyrolles et Empeyte à Sainte-Nathalène, et les jolis diminutifs qui ont gardé leur forme occitane Les Empéoutous à Nabirat, et Empeytoux à Proissans. 

    Le toponyme a du vouloir dire plus précisément : « lieu où les arbres ont été greffés », à une époque où ce mode de culture n'était pas courant et où son apparition a du être remarquée. 

    Il semble que Les Impeux, en Corrèze, est échappé au martyr toponymique dont a été victime le lieu-dit Aux Empeux, forme ancienne relevée par Peter Nollet à La Chapelle-Péchaud, et qui est dit aujourd'hui en français « les impôts ! ».

    Joan-Claudi Dugros

  • Cronica de toponimia, per Joan-Claudi Dugros

    Ferrand

    Le nom de personne Ferran, Ferrand, d'origine germanique (*fehr- + *hram-, la racine *fehr- "vie" + la racine *hram- "corbeau ), était à la mode au Moyen Âge, où il est très vite tombé dans l'attraction de fer, couleur du fer (cheveux gris, par exemple), ou bien dur, résistant comme le fer.

    On le trouve dans les toponymes Ferrand et Combe de Ferrand, à Alles-sur-Dordogne, Ferrand à Issigeac, à Douville, à Gaugeac, un autre Combe de Ferrand à Celles, et aussi dans l'hydronyme Ruisseau Ferrand à Augignac.

    Avec le suffixe d'appartenance occitan -iá (prononcé /io/), bien connu en Périgord, nous avons Ferrandie à Saint-Louis-en-l’Isle, La Ferrandie à Jaure (La Ferandia en 1270 et Lafferandia en 1481), à Limeyrac (en 1260), à Milhac-d'Auberoche (en 1503), à Saint-Geyrac, Les Ferrandies à Grignols (Maynam. de las Ferrandias, en 1471). Avec le suffixe -ariá : La Ferranterie à La Chapelle-Aubareil. 

    Le nom de personne Féraud (germanique *fehr- + *wald-) est présent dans La Feraudie à Sourzac (M. de la Feraudia en 1459) et Férodie à Saint-Aquilin.

    Concernant Montferrand-du-Périgord, comme d'autres nombreux Montferrand (Aude, Drôme, Gironde, Puy-de-Dôme), il est beaucoup plus probable que ce type de toponyme signale des hauteurs sombres, « couleur de fer » ou pourvoyeuses de minerai. (Jean Roux, Dictionnaire toponymique des communes de Dordogne).

    Joan-Claudi Dugros