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Joan-Claudi Dugros - Page 64

  • Cronica de toponimia, per Joan-Claudi Dugros

    Jean-Claude Dugros propose une série de toponymes qui font référence au monde animal. Compagnons naturels de l'homme, il font partie naturellement de son environnement.

    L'ajaça

    Le nord-occitan ajaça (ou 'jaça) et le sud-occitan agaça désignent la pie (du germanique agatza). 

    La forme ancienne Font-Jasse du lieu-dit actuel Fougeasse à Saint-Médard-de-Mussidan, nous éclaire sur son étymologie. Fougeasse (prononcer /fou(n) jaço)/ en est la prononciation approximative occitane.

    Bois Jassou à Saint-Géry et Chez Jassou à Lisle, sont des diminutifs, sans doute le nom de personne Jasson et peut-être Les Jassonnies à Nantheuil (forme ancienne Les Jassounies) et Puy-Jassounie à Savignac-les-Eglises, en seraient le domaine, suivant la construction bien connue : nom de personne plus suffixe -ie.

    À noter l'expressif Pissegasse à Rouffignac-de-Sigoulès et Roc des Agasses à Capdrot, dsans doute un endroit fréquenté par les pies.

    Il est remarquable de constater que Laguasso à Naussanes (forme ancienne Rivus de Laguasso en 1460), Lac d’Agassou à Carlux et peut-être Lagazou à Bergerac (forme ancienne Rivus vocatus Lagazo en 1322), ont conservé leur prononciation occitane.

    Nous relevons une vingtaine de lieux-dits La Jasse et dérivés, dans l'ensemble du Périgord, tant au nord comme au sud, qui pourraient être l'occitan jaça « la bergerie » (du latin jacere, se coucher).. 

    Chantepie à Fleurac, peut-être l'endroit où chante (?) la pie ou bien ce n'est peut-être que la collusion de pic (hauteur, petit sommet) à notre *CANT-/CHANT- préceltique… À voir sur place !

    « la jument du docteur Nathan était bien connue dans toute la Double, où, à cause de sa robe noire et blanche, les gens l'avaient baptisée « la Jasse », autant dire « la Pie ». » (Eugène Le Roy, L'ennemi de la mort).

    Joan-Claudi Dugros

     

  • Cronica de toponimia, per Joan-Claudi Dugros

    Jean-Claude Dugros propose une série de toponymes qui font référence au monde animal. Compagnons naturels de l'homme, il font partie naturellement de son environnement.

    Perdigal

    Perdigal est un nom de famille rare, mais bien présent en Dordogne. Il signifie perdreau en occitan. Le mot est composé du latin perdix, perdice (perdrix) et du gaulois gallus (coq). D'après Astor, cette composition s'explique par le fait que ce sont les mâles et les jeunes perdrix qui sont le plus couramment chassés. C'est de toute façon, un surnom…

    Perdigal à Prats-du Périgord, Le Perdigal, à Carlux, à Saint-Pompont, Chas Perdigal à Saint-Laurent-la-Vallée ; Perdigat à Lalinde, à Limeuil (Hospitium sive boria de Perdigat en 1460), à Saint-Chamassy.

    La Perdigalie à Saint-Capraise-de-Lalinde (forme ancienne Mayn. de la Perdigalia en 1455), sont les biens, les terres du nom de personne Perdigal.

    La Perdicie à Jumilhac-le-Grand (autre forme La Perdissie) : ici c'est l'occitan perditz (perdrix), qui désigne les biens, les terres du nom de personne Perdic…

    Et bien sûr dans la série des noms de lieux « qui chantent », nous avons Chanteperdrix à Payzac, à Saint-Front-la-Rivière, à Saint-Jean-d'Ataux, qui peuvent désigner la présence de notre bel oiseau ou bien à partir de la racine prélatine KANT- (hauteur rocheuse) des endroits plutôt arides et écartés. 

    Quant au lieu-dit À Grate Perdrix à Castelnau-Fayrac, nous sommes en présence d'une autre famille toponymique qui met en scène des animaux qui ne « chantent » plus mais « qui grattent ». Ici aussi, il peut s'agir d'un lieu fréquenté par cet oiseau « qui gratte », bien sûr, mais le vocable occitan grata désigne aussi un grès dur et siliceux. Si le toponyme est dans un endroit pierreux ou dans une montée, on peut y gratter le maigre sol en surface… 

    Peter Nollet a relevé dans l'état de section de Saint-Pompont (1838), le lieu-dit Le Pech Poury, qui s'avère être en définitive Lo Puèg Perdic, du nom de personne Perdic (perdrix), que nous avons rencontré à Jumilhac-le-Grand.

    Le « pillard de Masduran » Jaque Perdís (relevé dans Le Livre de Vie, de Bergerac), devait être un drôle d'oiseau pour mériter ce surnom… 

    Joan-Claudi Dugros

  • Cronica de toponimia, per Joan-Claudi Dugros

    Jean-Claude Dugros propose une série de toponymes qui font référence au monde animal. Compagnons naturels de l'homme, il font partie naturellement de son environnement.

    Loriot

    Voilà un très bel oiseau, qui doit son nom à son plumage jaune chez le mâle (du latin aureolus, « d’or, de couleur d’or »). Les allemands l'appellent goldamsel « merle dor é ». 

    D'après Jacques Astor, en toponymie l'occitan auriòl/lauriòl/lauriòu, issu en composition avec mont et puèg/puei au sens laudatif évoque aussi bien la fertilité du terroir (affichée sinon réelle) que la richesse du seigneur du lieu. 

    C'est peut-être le cas pour Montauriol, à Bergerac (forme ancienne Mon Auriol), Pechauriol à Archignac (forme ancienne Pech-Auriol) , La Péchauriol à Daglan (forme ancienne Pech-Auriol), Péchauriol à Sarlat (forme ancienne Pech-Auriol), Péchauriol à Tamniès (forme ancienne Pech-Auriol), Pech Auriol à Sainte-Alvère), Puy-Auriol à Périgueux (Capella de Podio Auriol au xiiie siècle, Curia de Podio Aurioli en 1556), Puy-Auriol à la Douze (Capella de Podio Auriol au xiiie siècle, Foresta de Podio Auriol en 1341), Mas de Puy-Auriol, à Biras (1286).

    Pour Puyloriol à Bassillac et Puylauriol à La Chapelle-Gonaguet (forme ancienne Puy-Auriol et Puy Oriol), nous sommes bien en présence du nom de personne Auriòl/Auriòu, comme pour Lauriol à Larzac (Molend. de Lauriol sup. riv. de Noasa en 1462) et peut-être pour Brouilleyrol à Veyrines-de-Domme, où Peter Nollet a trouvé parmi d'autres formes anciennes Bruelh Auriol (1454-1483), qui en ferait un composé de l'occitan bruèlh (« bois clos »)et du NP Auriòl (Auriol).

    Citons encore Auriol à Cadouin (Auriola en 1147), Castel d’Auriol à Saint-Julien-de-Lampon et à Sainte-Mondane. Combe Auriol au Bugue, Font-Loriol (en occitan Font L'Auriòu). L'Oriol à Doissat (Auriole en 1205 et Nemus de la Auriola en 1459) et Oriol à Grignols (Li home de la Oriolia en 1203).

    La Font Loriot à Paussac-et-Saint-Vivien et La Fontaine de Loriot à Saint-Saud-Lacoussière, sont francisés.

    Dans Le Livre Noir de Périgueux, Jean Roux a relevé un Johan Auriòl et un autre Guilhó l'Auriòu, ce dernier « homme du comte Archambaud », surnoms. 

    Joan-Claudi Dugros