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Joan-Claudi Dugros - Page 65

  • Cronica de toponimia, per Joan-Claudi Dugros

    Jean-Claude Dugros nous parle en deux parties, de noms de lieux et de famille très présents en Périgòrd autour du mot « ròda ».

    La Ròda ( segonda partida)

    Pour Le Roudat à Saint-Saud-Lacoussière et Les Roudats à Mialet, on ne peut exclure l'occitan arrodau « ornière », ici aphérésé 'rodau (Lavalade).

    Roudet à Saint-Vincent-de-Cosse, Le Roudet à Église Neuve d’Issac, sont des diminutifs, peut-être des noms de personnes, c'est aussi « la roue horizontale du moulin qui, par métonymie, peut évoquer l'ensemble de l'installation » (Lavalade). Le Roudalet à Montagnac-la-Crempse et à Villamblard, À la Roudelle à Daglan, Roudeloux à Saint-Laurent-des-Hommes, Roudeyroux à Vitrac, sont des diminutifs.

    La Roderie à Abjat-sur-Bandiat, à Saint-Sulpice-de-Mareuil, à Augignac, à Nontron, La Roudarie  à Lisle et à Vitrac, La Rouderie à Saint-Saud-Lacoussière, Roudery à Capdrot (1657), La Roudie à Allas-les-Mines, sont « le bien, les terres du nom de famille Rodier, Roudier, le charron ».

    Les lieux-dits Chanteroudilles à Montrem, Roudillou à Roquepine et Le Roudillou à Saint-Barthélemy-de-Bellegarde, sont en excellent occitan.

    Parmi les noms de personnes relevés par Jean Roux dans Le Livre Noir de Périgueux, nous avons un Guilhem (W.) Roudet qui prête serment à la ville et un Johan Roudier, prudhomme. 

    Enfin, il convient d'insister sur la nécessité de rechercher les formes anciennes qui nous évitent de regrettables confusions. C'est ainsi que les formes anciennes relevés dans les cartulaires du lieu-dit appelé aujourd'hui Fraicherode à Saint-Martin-l’Astier : Mansus de Fracto Rota en 1090, Molend. de Fracta Rota, nous éclairent sur son origine : le groupe -ct- du latin, difficile à prononcer, a évolué différemment suivant les langues romanes. Fracta, après plusieurs étapes est devenu fraicha/fraissa. Mais l'énigme demeure. Une roue brisée ? Accident de char ? Le lieu-dit Terrefraite (occitan tèrra fraita : terre brisée, rompue), existe à Tiviers (Cantal).Nous avons relevé dans le Bulletin de la SHAP, un Jeremy Frescarode, chirurgien de santé, en juillet 1631.

    Joan-Claudi Dugros

  • Cronica de toponimia, per Joan-Claudi Dugros

    La Ròda ( prumièra partida)

    L'occitan ròda, prononcer /rodo/, désigne la roue (du latin rota). Par extension, il a désigné plusieurs outils tournants, ainsi que les cercles de barrique, d’où des noms de personnes représentant un éventuel surnom d'artisans. Ce pourrait être aussi l'endroit où l'on pratiquait le supplice de la roue sur les les condamnés à mort (Peter Nollet).

    Nous avons en Périgord : La Rode à Eymet, à Port-Sainte-Foy-et-Ponchapt, à Saint-André-d'Allas, à Valeuil, Le Trou de Rode à La Chapelle-Gonaguet (qui est un dépression de forme arrondie). Moulin de la Rode à Conne-de-Labarde et Le Moulin de la Rode à Fouleix, font peut-être référence aux roues à aubes ; Les Rodes à La Chapelle-Aubareil, à Lacropte, à Sarlat, Moulin de Rodes à Faux, Le Rhode à Monestier, Rhodes à Savignac-de-Miremont, Les Rhodes et Le Moulin des Rhodes à Ribagnac.

    Rodas à Cubjac (forme ancienne Rhodas), à Saint-Aquilin, à Saint-Cyprien (Tor et hostal noble de Rodas en l462), à Saint-Rabier, Moulin de Rodas à Trélissac, Puy de Roda à Hautefort, Pey de Rodas au Buisson,, font sans doute référence aux patronymes Rodas, Rodat, bien présent dans la région, surnom de charron. Mais le charron est surtout dénommé en occitan rodier, prononcé /roudié/, que l'on trouve dans Le Roudier à Fleurac, à Hautefort, à Lisle, à Monfaucon, à Monsaguel, à Razac-d’Eymet, à Saint-Avit-Sénieur, à Saint-Pierre-d’Eyraud, Les Roudiers à Neuvic et avec des déterminants divers comme Au Bos Roudier (le bois), À Fon Roudier (fond, partie basse), Monroudier (mont, hauteur), Péroudier (Pey-Roudier) et Perroudier (Peyroudier) (butte, colline), Pont Roudier (pont).

    De segre...

    Joan-Claudi Dugros

  • Cronica de toponimia, per Joan-Claudi Dugros

    Rainard

    En Périgord, l'occitan rainard désigne le renard. S'il est très présent en toponymie, c'est parce qu'il désigne les lieux qu'il fréquente et qui évoque surtout un site sauvage et, en grande partie, inculte. Ainsi, La Combe du Renard, à Bourgnac,  les occitanisés Cros du Renard, au Pizou, Le Cros du Renard à Cubjac, à Saint-Barthélémy-de-Bellegarde, À la Croze du Renard à Florimont-Gaumier. Explicites, sont Au Trou du Renard à Saint-Front-de-Pradoux, Trou du Renard à Saint-Antoine-d’Auberoche, Le Trou du Renard à Auriac-du-Périgord, à Brantôme, à Champeaux-et-la-Chapelle-Pommier, à Montignac, à Saint-Germain-du-Salembre. Sans compter une bonne vingtaine de Renardière, La Renardière, Les Renardières…

    Par contre, les noms de familles Raynard, Reynard, Raynal, Reynal, Raynaud, Reynaud, s'ils correspondent bien à la prononciation occitane du mammifère roux, ont une origine complètement différente : la première racine est le germanique *ragin- « conseil » que l'on retrouve dans les noms de famille Rambaud, Rambert, Rambourg, Raynier, Raymond, Raynouard, Renoux, etc.

    C'est Le Roman de Renard, au XIIIème siècle qui est à l'origine du rapprochement entre le nom de personne et le nom d'animal, en appelant de ce nom d'homme le goupil.C'est donc le latin vulpes qui est à l'origine du nom du renard (en occitan la volp). D'où les toponymes La Voulperie à Sergeac (formes anciennes La Volparia en 1318, La Voulparie), L’Aupilière à Augignac.

    Volpat (« renardeau ») est le surnom d'une personne citée dans Le Livre Noir de Périgueux, Voulpat est aussi un toponyme de Monpazier.

    Vulpes a donné le latin médiéval gupillus (renard, goupil) que l'on retrouve dans le diminutif Le Goupillou à Rudeau-Ladosse).

    Joan-Claudi Dugros