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Biais de dire - Page 20

  • Ephéméride d'avril par Michel Chadeuil

    Micheu Chapduelh.jpgLe 23 avril, Saint Georges.

    Voici le premier des saints chevaliers, ces méchants chevaliers qui sont au nombre de quatre comme les annonciateurs de l’apocalypse. Ils nous ramènent, au moment où la végétation est en pleine activité, les gelées tardives et/ou le mauvais temps :

    Jorget, Marquet, Tropet, Crozet, Los quatre chivaliers.

    Georget, Marquet, Tropet, Croiset : les quatre chevaliers.

    Cette tradition joue, en pays d’oc où elle est très connue, le même rôle que les saints de glace plus au nord.

    Il se fait une curieuse distinction entre le saint martyr qui se nomme Jòrdi, Jòrgi… et le légendaire chevalier qui terrassa le dragon et qui répond lui au surnom de Jorget. Aucun proverbe ne le cite seul - à notre connaissance – et seule la traditions des saints chevaliers de la froidure justifie sa place ici. Nous verrons dans les jours qui viennent l’identité de ses compères.

    Per Sent-Jòrdi,

    Semena l’òrdi,

    Per Sent-Robert

    Que siá cubert

    Que per Sent-Marc

    Será tròp tard.

    Pour Saint-Georges, sème l’orge, pour Saint-Robert, qu’il soit couvert parce qu’à la Saint-Marc il sera trop tard. Saint Robert se fête le 29. Quant à ce saint Marc, il ne peut pas être, puisqu’il est postérieur à Robert, celui qui se fête après-demain, 25 avril. Il devrait donc s’agir du saint Marc qui se fête le 18 juin (Saints Marc et Marcellien).

    Sent-Jòrdi

    Bòta l’espija a l’òrdi.

    Saint-Georges met l’épi à l’orge. Déjà ? La rime était tellement tentante que les proverbes ont tout confondu : l’orge d’hiver, l’orge de printemps, l’escourgeon…

    Per Sent-Jòrdi,

    Vai-te’n veire l’òrdi.

    Si lo trobatz espijat,

    Per Sent-Joan l’auràs minjat.

    Pour Saint-Georges, va voir l’orge. S’il a mis l’épi, à la Saint-Jean tu l’auras mangé. La récolte sera peu abondante.

    Sent-Jòrdi

    Bòta l’espija a l’òrdi,

    La flor au lin

    La grana au rabin.

    Saint-Georges met l’épi à l’orge, la fleur au lin, la graine au champ de navets.

    Quand plòu sus Jòrdi,

    Pruna nimai òrdi.

    Quand il pleut sur Georges, prunes ni orge.

    Per Sent-Jòrdi, terra abeurada,

    Cacau bufec, cirieisa espetada.

    Si pour la Saint-Georges la terre est détrempée, la noix ne sera qu’une coque vide et la cerise sera éclatée.

    Si plou per Sent-Jòrdi,

    Adiu las cirieisas.

    S’il pleut pour Saint-Georges, adieu les cerises.

  • Ephéméride d'avril par Michel Chadeuil

    Micheu Chapduelh.jpgLe 14 avril, Saint Valérien :

    « Per Sent-Valerian, l’aubre gaissa e la frucha ven ». Pour la Saint-Valérien, l’arbre rejette et les fruits se forment.

    Le 15 avril « Mòrt o viu, Per lo quinze d’abriu, fau que lo cocut aie chantat ». Mort ou vif, pour le quinze avril, il faut que le coucou ait chanté.

    Le 20, Saint Astier.

    Il nous fallait bien citer ce saint, né en Périgord et mort en 640. Il eut un certain succès dans la région. Ce nom de baptême devint un patronyme relativement fréquent. Et pourtant nous n’avons trouvé aucun proverbe le concernant. Il en est souvent ainsi des saints locaux. La forme occitane classique est Sench-Astier.

  • Biais de dire per Micheu Chapduelh

    Micheu Chapduelh.jpg« Plantar un brochon ». Planter une brindille.

    Un brochon, c’est une brindille vivante, une petite branche (bròcha) si vous voulez. Si vous avez enfoui quelque bulbe à fleur, planté à l’automne quelque végétal en sommeil, et si vous voulez ne pas oublier l’endroit, plantez une brindille vivante. Les brindilles mortes sont partout et comment penser que l’une d’entre elles (une seule et laquelle ?) est là pour vous rafraîchir la mémoire, parfois vous rappeler où s’est arrêté votre semis ? En outre, elle est susceptible de barber et même de bourgeonner, voire de « folhar »(mettre des feuilles).

    Elle est donc parfaitement apte à vous signaler « onte son los mòrts que van tornar vius », où sont les morts qui vont revivre, c’est à dire les semences recouvertes. C’est ici que votre main s’est arrêtée et qu’il vous faudra reprendre. Le «brochon » vous permet de savoir où vous en êtes.

    De là tous les sens métaphoriques : « Lo moment es vengut de plantar un brochon », le moment est venu de faire le point avant de continuer. 

    « Deuriàs plantar un brochon »tu devrais faire un nœud à ton mouchoir. En guise d’autodérision quand on a un trou de mémoire : « Aquí auriá degut plantar un brochon », là j’aurais dû planter une brindille.