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Joan-Claudi Dugros - Page 45

  • Cronica de toponimia, per Joan-Claudi Dugros

    Après les « chafres » (sobriquets) qui sont à l’avantage de la personne, comme toute médaille à son revers, les travers et les vices que nos anciens ont su déterminer chez leurs contemporains perdurent encore aujourd’hui chez des porteurs qui n’en sont plus du tout responsables… 

    Los chafres : Perpinha, Guirguilh, Bolega, Chaupin

    Perpigne à Villamblard (forme ancienne Perpignie, en 1606) : la forme ancienne confirme qu’il doit s’agir du domaine, des terres du nom de personne Perpinh ou Perpinha (Perpigne est attesté comme nom de personne dans les registres paroissiaux), qui vient de Perpennius (du gaulois Perpenna). Mais le mot occitan perpinha (prononcer /perpigno/) existe aussi au sens de « tracassier, tricheur, querelleur » : peut-être un surnom ? La Perpignerie à Plazac, est une autre forme de propriété, avec le suffixe d’appartenance –erie.

    Yves Lavalade a étudié le toponyme Guirigui à Anlhiac (forme ancienne Chez Guériguy) : « probablement tiré de l’occitan guirguilh (querelle, dispute) pour quelqu’un au tempérament querelleur ».

    Le verbe occitan bolegar signifie « remuer, secouer, agiter ». Il a pu donner le surnom de quelqu’un « remuant, grouillant, frétillant ». Boulégue à Montferrand-du-Périgord, à Naussanes (aujourd’hui Bouleygue), Bouleguot à Chavagnac (aujourd’hui Boulégot). Peter Nollet a relevé Champ de Boulegou à Florimont-Gaumier (1838).

    Le nom de personne Chaupinaud a son maximum en Haute-Vienne. On le trouve déjà au Moyen Age, comme surnom, sous la forme Chopinot, mais si Chopinot peut être un diminutif masculin de l’occitan chaupina / chopina « chopine, mesure de liquide », donc un surnom de buveur, il peut aussi venir de l’occitan chaupin qui désigne une « rixe, querelle » et donc un surnom de bagarreur.

  • Cronica de toponimia, per Joan-Claudi Dugros

    Après les « chafres » (sobriquets) qui sont à l’avantage de la personne, comme toute médaille à son revers, les travers et les vices que nos anciens ont su déterminer chez leurs contemporains perdurent encore aujourd’hui chez des porteurs qui n’en sont plus du tout responsables… 

    Los chafres : Canin, Canhard, Rechinhac

    Le nom de personne Cany est présent en Dordogne. L’occitan canin (du latin caninus) signifie « rude, âpre, sauvage ». Il a pu donner un sens figuré de « revêche, récalcitrant, mauvais coucheur ». Il est peut-être en deuxième élément dans le toponyme composé  Pécany à Saint-Chamassy : « la colline de la famille Cany. »

    La Cagnardie à Grand-Brassac est le domaine de la famille Cagnard ou Caignard, présente en Périgord. L’occitan canhard, dérivé péjoratif de can « chien », désigne un individu repoussant de saleté ou aussi un fainéant invétéré. On peut peut-être y ajouter les diminutifs Cagnolle à Cercle (aujourd’hui Gagnole à La Tour-Blanche-Cercles) et Cagnolle à Saint-Amand-de-Belvès. En pleine canicule (du latin canicula « petite chienne »), avèm la canha (on a la flemme) d’aller en plein cagnard (lieu où le soleil tape fort)…

    Rechignac à Brantôme (ou Richignac) : le nom de famille Rechignac (Rechignat) a son maximum en Dordogne. « À l’origine, il s’agissait d’un surnom correspondant au participe passé adjectival du verbe occitan rechinhar (« ricaner », et à l’origine « montrer les dents en grimaçant »). (Jean-Louis Lévêque), mais pour Réchignac à Chalais et à La Coquille, Yves Lavalade privilégie un « nom de domaine gallo-romain formé à partir du patronyme *Reccinius avec suffixe celtique –acos (la propriété de…). Comme le Recquignies de Maubeuge (Nord), porté Rechignies en 1257. » 

  • Cronica de toponimia, per Joan-Claudi Dugros

    Suite de la série proposée par Jean-Claude Dugros sur les noms de famille ou de toponymes qui font références aux sobriquets, les fameux « chafres ». Poursuivons la découverte de ceux d’ordre moral. 


    Los chafres : Amorat, Amorós, Fringaire, Pinard...

    Et l'amour ? Fine ou non, elle est toujours vivante et vivifiante avec la Fontaine de l'Amourat à Saint-Laurent-sur-Manoire. L'Amorat est le surnom d'une personne citée dans Le Livre Noir de Périgueux (participe passé du verbe occitan s'amorar « devenir amoureux »), citée avec Johan d'Amoretas (diminutif pluriel de amor « amourettes »), des coureurs de jupons ?

    La Fontaine de L’Amouroux à La Roche-Chalais et le Terme de Lamouroux à Saint-Capraise-d’Eymet, bien que plus récents, perpétuent le surnom d'amorós « amoureux »… 

    Peter Nollet a relevé à Saint-Aubin-de-Nabirat, À la Combe du Fringayre. Voilà un plaisant surnom. L'occitan fringaire désigne « l'amoureux, galant, jeune homme fringant ».

    Johan d’Astais (forme populaire de Anastasi), dit Lo Mascle (occitan mascle « mâle ») a un surnom qui peut aussi évoquer la paillardise à côté d'autres expressions de la virilité (la force…).

    La Pignardie  à Saint-Front-de-Champniers, en 1451, est dite aussi La Pinardie, ce qui fait penser au domaine du nom de personne Pinard (toujours présent en Dordogne). L'occitan pinard désigne « un cultivateur aisé et bon enfant, en bas Limousin » (Mistral).