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Joan-Claudi Dugros - Page 46

  • Cronica de toponimia, per Joan-Claudi Dugros

    Suite de la série proposée par Jean-Claude Dugros sur les noms de famille ou de toponymes qui font références aux sobriquets, les fameux « chafres ». 

    Los chafres

    L'occitan buòu, buòu désigne le bœuf (du latin bovis). On le trouve dans Pech de Biaud à Saint-Martial-de-Nabirat, composé de l'occitan puèch (hauteur, colline) et du nom de personne Biau est attesté en Périgord, c'est le surnom « fort comme un boeuf ». Peter Nollet qui a relevé ce toponyme, a également relevé Bordevie à Domme (formes anciennes Borie de Buau en 1477, Boria de Bio en 1501, Bordebiou en 1686), où l'on retrouve notre nom de personne. 

    Le Thau à Saint-Laurent-la-Vallée et à Villamblard (forme ancienne Le Tau), est peut-être à rapprocher du nom de personne Taur (présent au 18e siècle) (P. Nollet).

    La Taurélie à Eyliac (forme ancienne La Torrelie) est le domaine du nom de personne Taurel, présent en Dordogne, diminutif de l'occitan taureu / taurel surnom qui évoque la force du taureau (occitan taur, taureau). Un Helias de Taurel, consul de la ville de Périgueux est présent dans Le Livre Noir de Périgueux (Jean Roux).

    Le Tauriac à Saint-Germain-du-Salembre, et Thauriac à Villetoureix, de Taurius, sur taurus (cognomen : taureau).

    Joan-Claudi Dugros

  • Cronica de toponimia, per Joan-Claudi Dugros

    Suite de la série proposée par Jean-Claude Dugros sur les noms de famille ou de toponymes qui font références aux sobriquets, les fameux « chafres ». 

    Los chafres : Jovent, Pijasson

    Le toponyme Jouvent à Saint-Jean-de-Côle (formes anciennes Joven, Jauvens, Capella Sancti Leonardi de Jauvenc en 1192), doit représenter le substantif jovent (du latin juventus, jeunesse) qui désigne en occitan, le jeune homme ou le célibataire.

    Le latin juvenis (jeune) donne l'occitan jòune présent dans les cinq La Juvénie de Dordogne : Abjat-sur-Bandiat, Creyssensac, Douville (La Jouvenie en 1666), Payzac, Saint-Paul-de-Serre, Jaure (formes anciennes : Las Jauvenias, Les Jouvegnas en 1640)

    On trouve le nom de personne Joube (attesté en Dordogne), dans La Joubenie, à Saint-Pompon.

    Avec diminutif ou dérivé qualitatif -al : Jovenal, à Saint-Amand-de-Vergt (Nemus vocatum Jovenal, en 1510)

    Chez Pigeassou à Chancelade : le nom de personne vient de l'occitan pija (tache, sur la peau), ici avec diminutif -on, pijasson, c'est « le petit qui a des taches de rousseur ». Le nom est bien attesté en Périgord.

    Et La Pigeassonnie à Antonne-et-Trigonant), avec le suffixe d'appartenance -iá, est son domaine, sa propriété. 

     

     

  • Cronica de toponimia, per Joan-Claudi Dugros

    Suite de la série proposée par Jean-Claude Dugros sur les noms de famille ou de toponymes qui font références aux sobriquets, les fameux « chafres ». 


    Los chafres : Negre, Nier

    Le mot occitan negre, « notre seule façon de dire « noir », sans aucun relent de racisme », nous dit Yves Lavalade, est trop présent dans la toponymie pour en faire une liste qui deviendrait rapidement fastidieuse. 

    En voici donc un échantillon : Le Grand Négraud et le Petit Négraud à Razac-de-Saussignac, Jean de Négrot à Campagne et Le Negrou à Veyrines-de-Vergt, doivent être des diminutifs.

    La Negrerie à La Gonterie-Boulounieix, à Sainte-Trie (disparu), Les Nègreries à La Chapelle-Faucher (forme ancienne Las Negrarias) : c'est la propriété du nom de famille Négrier (qui a son maximum en Dordogne) ; Negreterie à Milhac-de-Nontron est la propriété de Negret et La Négrie à Queyssac, celle de Nègre. Peter Nollet a relevé À Lanegrerie à Nabirat, « formé sur le nom de personne Négrier avec suffixe de propriété –iá ou le nom de personne Négrerie (qui a son maximum en Corrèze). »

    Le surnom est porté depuis le Moyen Age où l'on trouve Lo Negre (surnom de Giraut del Forn), et un autre Lo Negre , à moins que ce soit le même, habitants de Bergerac, « marit de Boneta » et à Périgueux Négrier et Guilhem Negrier.

    Negrier dérivé de negre peut signifier « noir, surnom dû au teint, aux  habits, ou à la substance produite ou vendue (charbon…) » (Astor)

    Les Neyroux à La Coquille, doit être le patronyme Neyrou, présent en Haute-Vienne ; « l'occitan neiron (négraud), est dérivé de neir (noir), adjectif surtout présent en Limousin et en Auvergne ; qui est devenu patronyme. » (Y. Lavalade). Adjectif que l'on retrouve sous la forme Nier, dans les toponymes périgourdins Champnier à Saint-Julien-d’Eymet, dans la commune de Champniers (-et-Reilhac) forme ancienne Campnerium en 1365) et Chamiers : « le nom désigne de bonnes terres cultivables riches en humus (couleur noire) (…). Neir / Nier est la forme ancienne, aboutissement normal du latin nigrim (la forme lexicale actuelle negre est une forme « savante » refaite sur le latin ») (Jean Roux).

    Joan-Claudi Dugros