Cronica de toponimia, per Joan-Claudi Dugros
Après les « chafres » (sobriquets) qui sont à l’avantage de la personne, comme toute médaille à son revers, les travers et les vices que nos anciens ont su déterminer chez leurs contemporains perdurent encore aujourd’hui chez des porteurs qui n’en sont plus du tout responsables…
Los chafres : Canin, Canhard, Rechinhac
Le nom de personne Cany est présent en Dordogne. L’occitan canin (du latin caninus) signifie « rude, âpre, sauvage ». Il a pu donner un sens figuré de « revêche, récalcitrant, mauvais coucheur ». Il est peut-être en deuxième élément dans le toponyme composé Pécany à Saint-Chamassy : « la colline de la famille Cany. »
La Cagnardie à Grand-Brassac est le domaine de la famille Cagnard ou Caignard, présente en Périgord. L’occitan canhard, dérivé péjoratif de can « chien », désigne un individu repoussant de saleté ou aussi un fainéant invétéré. On peut peut-être y ajouter les diminutifs Cagnolle à Cercle (aujourd’hui Gagnole à La Tour-Blanche-Cercles) et Cagnolle à Saint-Amand-de-Belvès. En pleine canicule (du latin canicula « petite chienne »), avèm la canha (on a la flemme) d’aller en plein cagnard (lieu où le soleil tape fort)…
Rechignac à Brantôme (ou Richignac) : le nom de famille Rechignac (Rechignat) a son maximum en Dordogne. « À l’origine, il s’agissait d’un surnom correspondant au participe passé adjectival du verbe occitan rechinhar (« ricaner », et à l’origine « montrer les dents en grimaçant »). (Jean-Louis Lévêque), mais pour Réchignac à Chalais et à La Coquille, Yves Lavalade privilégie un « nom de domaine gallo-romain formé à partir du patronyme *Reccinius avec suffixe celtique –acos (la propriété de…). Comme le Recquignies de Maubeuge (Nord), porté Rechignies en 1257. »