Cronica de toponimia, per Joan-Claudi Dugros
Après les « chafres » (sobriquets) qui sont à l’avantage de la personne, comme toute médaille à son revers, les travers et les vices que nos anciens ont su déterminer chez leurs contemporains perdurent encore aujourd’hui chez des porteurs qui n’en sont plus du tout responsables…
Los chafres : Sadol, Chanela, Tardiu, Codena
En occitan, sadol signifie « repu, rassasié, saoul », mais en tant que sobriquet, sadol « est à prendre au sens de « blasé de la bonne chère, blasé de tout » (Astor).
On trouve Les Sadouls à Montpeyroux et deux individus dénommés Sadolet, dans Le Livre Noir de Périgueux, relevés par Jean Roux.
La Chanelle à Saint-Antoine-de-Breuilh : l’occitan chanela désigne la cannelle (robinet de barrique, en bois) : la forme nord-occitane nous oriente vers « le domaine, les terres » de la famille Chanel, plutôt que vers la « canelle » de la source (tuyau qui la canalise). À moins qu’il s’agisse d’un surnom ?
L’occitan tardiu « tardif, en retard, lent » est présent dans La Tardive à Léguillac-de-Lauche (1514) : c’est « le domaine, les terres » de Tardieu ou Tardif (noms de personne attestés en Dordogne). Le nom de famille Tarde est bien connu en Périgord.
L’occitan codena « couenne » (du latin cutanea, cutis, peau) a plusieurs significations : surnom de charcutier ou de marchand de porcs ; pelouse sèche ou terre aride ; personne très maigre, qui n’aurait en quelque sorte que la peau et les os.
La Coudenie à Champniers-et-Reilhac : c’est la propriété de Coudene, Coudenne (nom de personne qui a son maximum en Dordogne). Pour Le Coudenat à Saint-André-d’Allas (1831), Peter Nollet privilégie le « dérivé probablement péjoratif de codena (gazon de pré), donc mauvais pré. »