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Noms de lùocs - Page 31

  • Perigòrd, ton nom es occitan ! par Jean-Louis Lévêque

    Cinquième volet d'une série consacrée aux noms de famille par Jean-Louis Lévêque.

    Les noms de famille (patronymes) enracinés dans la terre du Périgord ont tous une identité occitane ; la grande majorité d’entre eux ont même été formés à l’époque où l’occitan était la langue unique du pays. Plus rapidement encore que les noms de lieux, ils ont été francisés à partir du XVIe siècle, notamment du fait de l’instauration des registres paroissiaux et des actes d’état-civil.

    Les noms de baptême, devenu à l’usage des prénoms, sont à l’origine d’un grand nombre de patronymes rencontrés en Périgord. En général, ils représentent soit la forme occitane d’un saint vénéré par l’Eglise, soit la forme occitane d’un nom germanique importé après la chute de l’Empire Romain (plus rarement les deux à la fois). Nous commencerons aujourd’hui par les noms de saints. 

    Le patronyme Alary représente majoritairement la francisation de l’occitan Alari (Hilaire, dont le plus célèbre fut évêque de Poitiers au quatrième siècle), mais une homonymie avec le germanique Alaric ne peut être totalement exclue. Andrieu et Andrieux sont des francisations de l’occitan Andriu (André, un des douze apôtres) ; de même, Bounet et Bonnet correspondent à l’occitan Bonet, et rappellent la mémoire d’un évêque de Clermont. Le nom de famille Constant découle de l’occitan Constanç, nom d’un martyr italien du deuxième siècle. Les Crespin sont liés à Crespin (Crépin, patron des cordonniers), les Estève à Estefe (Etienne, sous la tutelle duquel fut placée la première cathédrale de Périgueux), tandis que les familles Front et Frontou honorent bien sûr la mémoire de Front, premier évêque du Périgord.

    Les Géry ou Giry doivent leur nom à Geri, forme occitane locale de Gilles ; le patronyme Gervaise est quant à lui une francisation approximative de l’occitan Gervasi, forme semi-savante de Gervais, martyr milanais du premier siècle, alors que les Guilhem, Guillen et Guillain sont tous issus de l’occitan Guilhem (Guillaume). Le nom de famille Jammes est une francisation de l’occitan Jacme (Jacques), dont Jaccou (occitan Jacon) est une forme diminutive. Tout comme Jouannet (occitan Joanet) est une forme diminutive de Joan (Jean). Pour leur part, les Julian ou Jullian sont redevables à l’occitan Julian (Julien, martyr du Velay au quatrième siècle), les Macary à l’occitan Macari (Macaire), alors que les Marsaud doivent tout à Marçau (Martial, célèbre évêque de Limoges). En Périgord, le patronyme Marty (forme phonétique de l’occitan Martin) est au moins aussi répandu que l’est son homologue français ; l’évolution du patronyme Maury (de l’occitan Maurin) est similaire. 

    Les Michaud (du nord-occitan Michau) et les Miquel (du sud-occitan Miquèl) renvoient tous deux au même Michel. Tout comme les Nadaud (nord-occitan Nadau) et les Nadal (sud-occitan Nadal) au prénom Noël. Le nom de famille Nicouleau représente la francisation de l’occitan Nicolau (Nicolas), dont l’une des formes familières est Colinet.

    Enfin, nous n’oublierons pas les Laurenç (Laurent), Matiu (Mathieu ou Mathieux), Simonet (Simonnet ou Simounet, diminutif de Simon) et Tomàs (Thomas, Tomas et le diminutif Thomasson)...

    (à suivre…)

  • Cronica de toponimia per Joan-Claudi Dugros

    Hypocoristique de Jacques ( 3e partie)

    Nouvelle série de Jean-Claude Dugros sur les suffixes aux prénoms de Jacques.

    C’est la forme Jacobus, évoluée en bas-latin en Jacomus, qui a donné Jacme, Jaume, Jame, que l’on aura en occitan, en catalan, en anglais… Le poète gascon Francis Jammes est né à Tournay (Hautes-Pyrénes) en 1868. La forme occitane est déjà présente au Moyen-Âge dans Le Livre de Vie à Bergerac : Jacme Guarnièr,  Jacme de Belcayre, pour les hommes, mais nous notons la présence des femmes, émancipées à cette époque et bénéficiant d’une position importante au sein de la société : La Jacmeta et la dòna Jacma, sont inscrites au livre de la taille (impôt). Ils habitent tous Bergerac. Jacme / Jacmet de la Gota, est de Périgueux.

    Le toponyme appelé aujourd’hui Jacoumard, à Domme, a connu de nombreuses hésitations graphiques : Jocoumar (1686), Jaquenar, Jacoumarc (sur les cartes anciennes), Jacounard (cadastre moderne), Jaquemar (Gourgues) et le toponyme Jacquemarde à Castelnaud-Fayrac, tous deux relevés par Peter Nollet, viennent du nom de personne Jacomard (Jacquemard, 18e siècle). Le féminin doit être compris comme « la terre de Jacquemard ». 

    Voilà un exemple type d’hypocoristique Le Bois-de-Minet à Boisseuilh. Yves Lavalade a relevé les toponymes Moulin-Minet ; Chas Minèt, en Haute-Vienne ; Chez Minet, en Corrèze. « Peut être un surnom ou un dérivé affectif de prénoms tels que Benjamin ou Jacquemin. » 

  • Perigòrd, ton nom es occitan ! par Jean-Louis Lévêque

    Quatrième volet d'une série consacrée aux noms de famille par Jean-Louis Lévêque.

    Les noms de famille (patronymes) enracinés dans la terre du Périgord ont tous une identité occitane ; la grande majorité d’entre eux ont même été formés à l’époque où l’occitan était la langue unique du pays. Plus rapidement encore que les noms de lieux, ils ont été francisés à partir du XVIe siècle, notamment du fait de l’instauration des registres paroissiaux et des actes d’état-civil.

     


    L’étymologie des patronymes attachés à un élément végétal ne se limite pas aux espèces d’arbres et aux mots qui en dérivent. Plusieurs noms de famille ont également été donnés en référence aux bois et aux forêts, espaces de vie et de travail très étendus à l’époque médiévale : ainsi explique-t-on l’origine des familles Bòsc (le bois, généralement francisé en Bost, Bos, Bosq mais aussi Beau), Delbòsc (du bois, francisé en Delbos, Dubos et Dubois), Bosquet (Bousquet, forme diminutive) et Laforest (Laforêt). Dans le même registre, les ancêtres des Bruelh (francisation en Breuil, Breil, Bruel ou Brel) et des Delbruelh (Dubreuil, Dubrel ou Delbrel) ont certainement habité ou travaillé dans un des nombreux villages du Périgord nommé (Lo) Bruelh (en fr. [Le] Breuil) : on pense que ce terme très ancien, évolution du gaulois °brogilos, désignait chez les Celtes un bois clos et peut-être sacré.

    Haies et buissons ne sont pas en reste : de ces formations végétales proviennent les Gòrça et les Lagòrça (francisations en Gorce, Gorse, Lagorce et Lagorse, de l’oc. gòrça désignant une haie vive et épaisse), les Delaja (Delage, de l’occitan aja = grande haie pour délimiter ou protéger), les Lespinassa (Lespinasse, de l’oc. espinassa = terre couverte d’épineux, notamment d’aubépines), les Labrossa (Labrousse, de l’oc. brossa = terre de broussailles et généralement pauvre), les Genest et Genesta (Genêt, Geneste et Gineste, de l’oc. genest = genêt), les Genebre (le genévrier) et bien sûr les Boisson (le buisson, francisé en Buisson et surtout Bouyssou).

    Nous n’oublierons pas les patronymes issus de la culture de la vigne, sans doute liés à des ancêtres vignerons, aux premiers rangs desquels on trouve les Vinha (Vigne), les Lavinha (Lavigne), les Vinhau (Vignaud, Vigneau, Vignal, de l’occitan vinhau = vignoble, parcelle de vigne) et les Plantier (de l’occitan plantier = parcelle de jeunes plants de vigne).