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Noms de lùocs - Page 35

  • Cronica de toponimia per Joan-Claudi Dugros

    Hypocoristique de Joan, Joana ( 1ere partie)

    Il était très courant que, dans une maison, le fils porte le même prénom que son père, ou le petit-fils, ou un autre descendant. Alors, on utilisait la suffixation occitane, qui pouvait être un diminutif simple ou double, un suffixe augmentatif ou bien un suffixe complexe qui joignait diminutif et augmentatif. Jean Rigouste, que nous remercions vivement pour son aide précieuse, nous précise que, riche de telles combinaisons, « le mot occitan, chargé de plus d’un suffixe, ne peut plus être traduit, sinon par une expression ou même par une phrase entière. ». Une ce ces pratiques porte le nom savant d’hypocoristique qui, nous dit Yves Lavalade, « sont des modifications affectives ou amicales d’un nom propre, d’un prénom. »

    Les toponymes du Périgord témoignent de l’imagination créative de nos anciens. Pour commencer, nous choisissons le prénom Jean / Jehan, Joan / Joana, qui était le prénom le plus répandu au 13ème siècle. Jean Roux a relevé dans les livres consulaires de Périgueux et de Bergerac, une soixantaine de Johan et dérivés Johanet, Johana, Johaní (Joanin), Johanicòt, Johanorat, Johanòt, Joniquòt Mais le succès de ces prénoms ne se limitera pas au Moyen-Âge, ils sont toujours présents dans nos noms de famille et lieux-dits.

    De nombreux toponymes sont composés du prénom Jean suivi d’un élément qui peut être un nom de personne, et qui ne rentre donc pas dans la catégorie des hypocoristiques. Souvent récents : Jean Demai à Audrix et à Journiac (le nom de famille Demai est attesté en Périgord) ; Jean d’Estève à Besse, Jean Géraud à Saint-Julien-d’Eymet, Jean de Négrot à Campagne (le nom de personne Negrot, rare, est attesté) ; Jean Michaud à Monestier. Pour Jancoupy à Vélines, l’étymologie est obscure. Peut-être un nom de personne, Coupy est attesté dans le nord du Tarn-et-Garonne ; Jeanganeau à Saint-Seurin-de-Prats : peut-être le nom de personne Ganau, Gannau, Ganeau, Ganneau ? non attesté en Périgord. Ou bien une forme avec un -g- analogique (comme les Jeangoulies, ci-après) ; enfin, mais peu probable, un Joan (u)ganaud ? ; Les Jangoulies au Change (forme ancienne Les Jangoulies ou Les Jaugoulies) : peut-être une autre forme à consonne analogique -t-. ; Jeango à Eygurande-et-Gardedeuil : Jeangaud ? Jeangot ?

  • Cronica de toponimia per Joan-Claudi Dugros

    Après les « chafres » (sobriquets) qui sont à l’avantage de la personne, comme toute médaille à son revers, les travers et les vices que nos anciens ont su déterminer chez leurs contemporains perdurent encore aujourd’hui chez des porteurs qui n’en sont plus du tout responsables… 

    Los chafres : Faidit, Pagan, Jauvent ...

    L‘occitan faidit signifie « banni, déshérité, proscrit, exilé ». Le nom de personne est présent dans Feydidie à Grignols (Feydidia en 1406, Las Feydidias en 1485), Les Feydies (Les Feydis) à Salon. Il est aussi présent à Périgueux sous la forme diminutive Faydidó (prononcer /faydidou/) et aussi (Mestre) Guilhem Faydit / Feydit, consul de la ville ainsi qu’une autre personne.

    Les Payants à Château-l’Évêque (Les Payans) : c’est une variante de l’occitan pagan, paian qui désigne au Moyen Age « le paien », l’hérétique ?

    Aux Bellitres à Saint-Cybranet, relevé par Peter Nollet : « peut-être d’un surnom belitre (bélître, gueux, mendiant). »

    Au village de Jauvens (Joven), commune de Saint-Jean-de-Cole (Capella Sancti Leonardi de Jauvenc en 1192), Gourgues nous dit que, « à la Fontaine de l’Amour, lieu de grande réunion pour la jeunesse le jour de Pâques, en patois (sic) on nomme maou jauven (mau jauvent) un homme qui porte malheur. »

    Pour terminer cette série sur une note plus gaie, relevons, avec Yves Lavalade, Jauviderie à Saint-Front-la-Rivière (Jauvederie) qui est : « le domaine de Jauvit ; participe passé qu’il faut tirer du verbe jauvir (jouir) ; jauvit, heureux, réjoui ; sobriquet devenu patronyme. »

  • Cronica de toponimia per Joan-Claudi Dugros

    Après les « chafres » (sobriquets) qui sont à l’avantage de la personne, comme toute médaille à son revers, les travers et les vices que nos anciens ont su déterminer chez leurs contemporains perdurent encore aujourd’hui chez des porteurs qui n’en sont plus du tout responsables… 

    Los chafres : Malandran, Balp, Breton,Baud...

    Malandre à Vergt-de-Biron vient peut-être de l’occitan malandran « lourdaud ». Naudó Malandral habite Bergerac en 1381 et Pantus à Salignac-Eyvigues a-t-il un rapport avec l’occitan panta, pantel « rustre, lourdaud » ?

    Le nom de personne Balp, de l’occitan balp (latin balbus, bègue, qui zézaie, qui articule mal) est présent dans Les Balbyes à Église-Neuve d’Issac (La Balbia en 1479). Le nom de famille Balp, Baup est toujours présent dans les départements voisins.

    Nous avons déjà rencontré dans ces colonnes, l’occitan bret, breton « bègue » « issus de l’ethnique Bret (cas sujet) et Breton (cas régime) désignant le Breton dont l’Occitan ne comprenait pas la langue ; d’où bretonejar « bégayer, bredouiller, balbutier » (Astor).

    L’occitan badar qui signifie « regarder avec admiration, regarder bouche-bée » est peut-être présent dans Badarelle à Marquay, surnom dérivé de « badaud », Roc de Bade à Carlux, Roc de Badeau à Saint-Cybranet.

    Les lieux-dits Badie à Mauzens, à Colombier, La Baudie au Change, à Montagnac-d'Auberoche, à Saint-Sauveur (La Baudia en 1450, La Baudie ou la croix de Liorac en 1606), peuvent avoir une origine germanique.

    Les Baudies à Mauzac-et-Grand-Castang (formes anciennes Baudis et Les Baudix), qerait plutôt à rapprocher de l’occitan bald, balt, baud, qui a le sens de « joyeux, plein d’ardeur, hardi, hautain ». La « gerba bauda » (prononcer /gèrbo baoudo/), qui marquait la fin des moissons est bien connue en Périgord. Sa chanson résonne encore lors des assemblées comme la félibrée.