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Joan-Claudi Dugros - Page 101

  • Cronica de toponimia, per Joan-Claudi Dugros

    Le toponyme Costecalve à Cénac-et-Saint-Julien (Coste-Calve, forme ancienne) [ɔ ʼkɔstɔ ʼkalbɔ], en occitan Còsta Calva /costo calvo/, composé de còsta (côte, montée) et de l'adjectif féminin calva (chauve, dénudée) qui marque l’absence de végétation.

    On a aussi Pech-Calvet à Saint-Pompon (attesté en 1745), dans un excellent occitan composé de puèg (hauteur, colline), prononcé /pé/ et de calvet, diminutif de calv (chauve).

    C'est exactement la même chose que Puy-Chauvet (Puei Chauvet) à Tocane Saint-Apre, attesté en 1526, ici à demi-francisé, la forme chauvet est nord-occitane e se prononce [ɕɔwʼve] /soouvé/.

  • Michel Chadeuil intronisé à l'Académie des Lettres et des Arts du Périgord

    M Chadeuil + J Ganhaire ALAP nov 2017.jpgLe 7 novembre dernier à Trémolat, l'écrivain Micheu Chapduelh(Michel Chadeuil) a été intronisé membre de l'Académie des Lettres et des Arts du Périgord( ALAP). Fondée en 1963 et longtemps présidée par Bernard Lesfargues, cette académie ,actuellement présidée par Annie Delpérier, compte parmi ses rangs bon nombre d'écrivains occitans.

    L'oeuvre de Michel Chadeuil, "polygraphe" comme il se définit lui-même, couvre un large spectre de la littérature : roman, poésie, chanson, contes et nouvelles, chroniques, ethnographie, études linguistiques, cuisine...Editeur notamment de la revue "Lo Leberaubre", il  a contribué régulièrement à l'animation de Rubrica en òc, a signé de nombreuses participations à des ouvrages collectifs, à des revues comme "Anem òc !" ou "Paraulas de Novelum".

    Il se produit sur scène en tant que conteur.

    En 2012, il a reçu le grand prix Périgord de littérature pour "J'ai refermé mon couteau" et il a publié "Des mois et des jours, almanach occitan" en 2016.

    Chargé du discours d'intronisation, l'écrivain occitan Joan Ganhaire a rendu un vibrant hommage à celui qui consacre sa vie à faire connaître, reconnaître la langue et la culture occitanes en leur apportant une contribution personnelle déterminante. Rubrica en òc en donne ici le texte.

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    Madame la présidente, je ne sais pas encore si je dois vous remercier ou vous en vouloir de m’avoir confié la tâche de présenter à votre assemblée Michel Chadeuil. Vous remercier pour m’avoir permis de lui rendre hommage, vous en vouloir pour m’obliger à le faire dans un temps et un format qui n’ont que bien peu à voir avec ce à quoi Michel aurait droit. Que quelques personnes, à la suite de cette présentation osent se plonger dans le limousin magnifique de Michel Chadeuil, et peut être, alors, vous pardonnerai-je. Son ouvrage, J’ai Refermé Mon Couteau a reçu en 2012 le grand prix Périgord de littérature. Il y eut des grincheux, dont je fus, pour regretter que ce soit ce livre écrit en français qui reçoive une récompense alors que l’œuvre occitane de Michel qui nous est offerte depuis 1969 aurait mérité cent fois cet honneur.

    Vous comprendrez dès lors que mon bref propos aura pour but de vous faire connaître ce qui pour les occitans est une œuvre majeure. Connaître est un bien grand mot, survoler plutôt, devrais je dire, tant l’œuvre de Michel est multiple et abondante.

    Déjà connu pour sa poésie dont quelque musiciens et chanteurs s’étaient emparés, la parution d’un premier roman (1973) le consacra comme un écrivain de premier plan. De Temps en Temps, livre inspiré, dont les personnages perdus dans une éternité confondue avec le rêve et la mémoire, se croisant et se voyant sans se reconnaître eux-mêmes, ne se retrouveront peut être que dans une autre éternité. Un peu plus tard (1980), La Segonda Luna emmènera le lecteur dans un monde de violence et d’injustice dont la fin apocalyptique débouchera sur un nouveau monde où l’espoir de vivre et de donner la vie est permis.

    Et tout le temps, la poésie, Lo Còrs e las Dents, déjà en 1969, L’Òme, Pas Mai en 1970, L’Emplumat en 1971, et le plus récent 1996, Un Temps per Viure ou Michel abandonne la contrainte de la rime pour une poésie en prose qu’il serait vain d’analyser ici, entre violence et douceur, nostalgie et lucidité,où l’étrange côtoie et féconde le réel, mais toujours dans une langue superbe qui prend le lecteur à la gorge, à deux doigts des larmes .

    Mais comme chez les vrais poètes, la poésie est partout, même mêlée d’humour dans les contes revisités où les fées sont de la maison Tupperware ou Isotherme, ou le traditionnel grain de blé donné par une vielle femme au jeune homme qui l’a aidée à porter son fagot, est remplacé par une boulette aux vertus pour le moins euphorisantes ( Grizzly-John et La fada Multicarta). Et que dire des célèbres et savoureuses colères (Coleras 1996, Coleras e retrachs avec son fils Denis en 2015) de Michel contre la bêtise, la vulgarité, le conformisme, le mercantilisme, et tout ce qui l’éloigne du monde qu’il a connu et dans lequel essaie de vivre encore un Michel jardinier, un Michel cuisinier.

    Que dire de ces rêves ( Darreir los uelhs) où nos sommes conviés en un livre de bonne foi, où le rêveur se reconnaît impudique et prétentieux et nous invite sans crainte, si cela nous amuse, à le psychanalyser. Que dire de ces portraits dont je ne souhaite à personne d’être la cible, tant ils sont d’une plume trempée dans le vitriol.

    Nous avons évoqué tout à l’heure J’ai Refermé Mon Couteau, qui a connu un succès mérité. Dans cette veine, nous avons eu droit au délicieux Expressions et dictons du Périgord et du Limousin de 2008 (réédité en 2015), et au très récent Des Mois et des Jours, almanach occitan où chaque jour donne lieu à un proverbe et où notre auteur se transforme en spécialiste un peu inattendu du martyrologe romain. Ces trois ouvrages, sont le résultat de nombreuses années, voire de toute une vie, de souvenirs, de collectes, de recherches où Michel nous livre cet esprit souvent fin et malicieux avant qu’il ne disparaisse dans l’uniformité anglosaxonisée qui nous guette. C’est à travers ces ouvrages que l’on peut prendre conscience de l’érudition et de la capacité de travail de Michel, qui à ses dons de poète, ajoute ceux de linguiste et d’ethnographe .

    Voilà, j’ ai presque terminé ce marathon au travers l’œuvre majeure de Michel Chadeuil.

    Tout à l’heure, lorsque nous repartirons chacun « en sa chacuniera », peut être entendrons nous au long des haies un merle imiter Michel Chadeuil, en hommage à ses travaux sur les mimologismes et les cris d’oiseaux, et sans aller jusqu’à la psychanalyse que nous évoquions à l’instant, nous pourrions sans nous tromper beaucoup, voir en Michel un être tourmenté dont l’œuvre multiple rend bien compte de la complexité de l’homme, mais un homme qui trouvera toujours refuge dans la natura consolatrix des poëtes latins, si toutefois l’on prend au premier degré ces quelques lignes : "Tant que i a una poma que ne’n sabe pas la sabor, tant que i a una mora que l’ai pas gostada un còp trempa de rosada e un autre còp cuecha de tots los solelhs dau jorn, tant que i a una frucha sauvatja que ne’n coneisse pas tots los secrets, ai quauquas rasons de far quauques pas de mai sus mon chamin de terra…" (Tant qu’il y a une pomme dont je ne connais pas la saveur, tant qu’il y a une mûre que je n’ai pas goûtée une fois humide de rosée et une autre fois cuite à tous les soleils du jour, tant qu’il y a un fruit sauvage dont je ne connais pas tous les secrets, j’ai quelques raisons de faire quelques pas de plus sur mon chemin de terre…)

    Joan Ganhaire

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    Souhaitons que ce chemin de vie soit encore long et semé de nombreuses pépites comme celles que Micheu Chapduelh nous livre régulièrement depuis toutes ces années.

    Denis Gilabert ( avec l'aide de Jean-Claude Dugros et Joan Ganhaire).

    Photo Micheu Chapduelh à droite et Joan Ganhaire.

  • Cronica de toponimia, per Joan-Claudi Dugros

    La Paissièra : ce mot occitan [lɔ pɔjʼʃjɛrɔ] (prononcer /lo paychèro/), plutôt présent en sud-occitan, désigne un barrage de rivière. Ces barrages pouvaient servir à alimenter un moulin, ou pour pêcher les anguilles (à Bouzic).

    C’est peut-être l’origine de l’hydronyme Fontainguillère, ruisseau de Rouffignac-de-Sigoulès et du toponyme Fontenguillère à Sent Perdoux, qui représentent l’occitan Font anguilhèra, composé de font (fontaine, source) et anguilhèra, dérivé de anguila (anguille).

    Joan-Claudi Dugros