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Bernard Lesfargues - Page 2

  • Brageirac, poema de Bernat Lesfargas

    Bernard Lesfargues.jpgVeiqui lo famos poema de Bernard Lesfargues sur sa vila natala, chantat per Peiraguda dins "Lo temps de la memòria"

    Brageirac sus la Dordonha,
    Brageirac del mes de mai,
    te perdèri per jamai
    amb l’amor e la vergonha.
     
    Tot me causa marriment,
    quela lutz que m’emperleja,
    quel remembre que trepeja
    al còr tèbie del printemps,
     
    e quela aiga que carreja
    entre doas ribas de vits,
    cada nuèch los escandilhs
    e lo jorn las canaveras,
     
    e l’imatge d’una dròlla
    qu’antan trevava lo quèi.
    Mas – cu me diriá dempuèi
    quantes lustres ? – el s’esbòlha.
     
    Ai ! de l’aiga que davala !
    Ai ! amor que te’n vas lèu,
    vers Bordèu qu’a de batèus
    e Blaia pus de gabarras.

    Bernard Lesfargues

  • Un record per a Bernard Lesfargues, per Susanna Rafart

    Texte en catalan, per Susanna Rafart

    Perdurar en la consciència dels mots és una de les tasques del traductor. Per això, entrar en el món de Bernard Lesfargues representava conèixer un món de llibertat i deure que exercia amb un rigor i bonhomia poc habituals. El vaig conèixer en dos moments distints de la meva vida. La primera vegada, en el Saló del llibre de Pau, l’any 2004, en ocasió d’un sopar que havia organitzat JepGouzy a casa seva. Aquella nit vaig coneìxer Bernard Lesfargues i els Paringaux de Fédérop, més endavant editors meus a França. En aquell àpat, Bernard comentava aspectes de l’Aloma de Mercè Rodoreda.En un segon moment, vaig poder conèixer directament la seva biblioteca i l’entorn en el qual treballava cada dia envoltat d’arbres centenaris, en el casal magnífic familiar, entre la Dordonya i el Périgord. Amb una intimitat renovada, en aquella ocasió, ell i la seva dona van oferir-nos la casa per tirar endavant un projecte d’escriptura que es va concretar en la novel·la breu Crisàlide. Pastoral en Si Menor. Era l’estiu del 2012 i vam passar vetllades esplèndides intercanviant llibres i vins. L’espai, tan evocador, va esdevenir un paratge magnífic on situar els meus joves amants. Els dies s’escolaven amb una xardor inusual i els vespres queien lentament entre versos de Bertrand de Born i reflexions sobre l’entusiasme per la literatura en la vellesa. En els porticons de l’habitació on ens havien allotjat, hi havia una crisàlide aferrada a la fusta i una nota escrita que hi deia: “Preguem de no destorbar la crisàlide. Tal vegada en sortirà una papallona. Gràcies”. Aquest fou el veritable motiu d’haver emprès la redacció de la novel·la. El missatge tenia tanta força que convocava irremissiblement l’escriptura.Els dies de traducció en aquella ocasió, els dedicava Bernard a Viatges i flors. Hi vam tornar en una tercera ocasió encara, l’any 2015, Un altre estiu i els llibres seguien oberts en un despatx que era un constant homenatge a la literatura catalana. Aquest cop, a la capella de Tresseroux, el record de Siurana i de Joan Sales impregnaven les parets del recinte templer.
    El paisatge i la biblioteca de Lesfargues va anar-se aferrant en bona part de l’esperit de la novel·la i ell mateix, més endavant, ens va escriure per regraciar-nos el volum que li havíem enviat i oferir-nos la possibilitat de traduir el text a l’occità per part del seu amic Jean-Claude Dugros. Transcric un fragment del correu: J'ai tardé quelque peu à vous remercier, Susanna et toi de l'envoi que vous m'avez fait de Crisàlide.  C'est un texte magnifique et j'apprécie particulièrement tout ce qui correspond à ma bibliothèque et maison où sont rangés tant de livres que j'ai lus et que j'ai aimés. 
    Je suis ici, à Eglise-Neuve, en compagnie d'un ami bergeracois qui  me remplace peu à peu. Il connaît parfaitement l'occitan et le catalan. Il a déjà commencé à traduire le livre de Susanna.
    La generositat amb què va participar del projecte em va emocionar aleshores i encara ho fa ara.
    Preservar és funció dels poetes i també dels traductors. Aquella crisàlide que ja no morirà ha esdevingut també això: la preservació d’una cura especial per al llenguatge que només aquells que han entès els exilis i les solituds arriben a conèixer alguna vegada. La tossudesa d’haver viscut entre els mots alts de la Rodoreda, tampoc.

    Gleisa Nueva d’Eissac

    Quants anys, aferrada a un mur,
    pot viure una crisàlide?
    S’aixequen freixes i falgueres
    i un vell eixam d’abelles decapitades
    perdura en les mans de l’home
    que ara ja no hi és. Els mots –un miler de cavalls-
    no vénen com abans a la frontera
    de l’hora calma: moren paraules
    sobre la llosa
    fins que un raig s’abandona a les capçades
    dels pins que tanquen l’heretat.

    A dins, grans xemeneies
    desarrelades. L’estiu és sec:
    nus i sagrats els joves, davant l’armari trèmol,
    contemplen el seu gest. On són els pous?
    El bes vol fer durar allò que pren natura
    en un agost damnat –el món el món ofega.

    Vol la crisàlide
    rompre el silenci, les mans de l’home vell,
    el llavi que al gorg dejú destil·la
    l’aigua deixada
    que el temps s’embeu.

    Susanna Rafart

  • Hommage à Bernard Lesfargues par Vit Pokorny

    Voici le témoignage de Vit Pokorny qui nous écrit en préambule : « Je tiens à vous affirmer également qu'un hommage digne de Bernard lui sera rendu dans la revue Plav, dans laquelle la littérature occitane bénéficie, grâce à lui et grâce à vous, de l'espace privilégié depuis cinq ans déjà.
    En même temps, j'essayerai de trouver de nouvelles opportunités pour continuer dans ces efforts. »

    http://www.svetovka.cz/

    Je n'ai rencontré Bernard que deux fois dans ma vie, mais ces deux après-midis ont marqué ma vie : en 2012, je voulais préparer une anthologie occitane en tchèque et connaître de plus près cette langue et sa littérature. Par coïncidence, je travaillais pendant un mois en tant que volontaire dans la Fondation John Bost. Quelques jours à peine avant mon retour en République Tchèque, une collègue, qui connaissait ma passion pour les cultures régionales, a eu la gentillesse de me présenter son voisin : elle a mentionné qu'il était poète et partageait ces intérêts.
    Pour vrai dire, je n'avais pas l'idée de qui j'allais connaître. Et je n'oublierai jamais le moment où nous avons frappé à la porte des Lesfargues, qui nous ont reçu très chaleureusement. Presque immédiatement, j'ai découvert que j'avais une chance incroyable et il m'étonnait que Bernard, une légende dans le monde occitaniste et catalaniste, me prenait au sérieux et me faisait une grande confiance. Après être passé par la bibliothèque, nous nous sommes assis pour deux bonnes heures dans le jardin ensoleillé pour discuter des problèmes de la traduction, la situation de l'occitan ou notre collaboration future. Une fois, quand Bernard expliquait le rôle de l'occitan au xiiie siècle, il a pris une édition critique de la poésie médiévale, récitait et j'avais l'impression d'entendre le dernier troubadour vivant...
    Le lendemain, je suis arrivé chez Bernard et Michèle pour la deuxième fois et nous avons réalisé un entretien qui a, un an plus tard, ouvert le numéro occitan de la revue PLAV, dont j'étais rédacteur.
    Ce numéro, qui avait pour but de résumer l'histoire de la littérature d'oc, ne verrait jamais le jour sans la contribution inestimable de Bernard et Jean-Claude Dugros, qui ont conçu toute la partie contemporaine de cette antologie, m'ont fourni non seulement les originaux en occitan, mais aussi les traductions françaises, les contacts des propriétaires des droits d'auteur et d'autres informations importantes.
    Depuis l'été 2012, nous avons gardé le contact et la correspondence avec Bernard est devenu plus intense en 2013/2014, l'année académique que j'ai passé à Salamanque : malgré son âge avancée, Bernard, m'envoyait des lettres et des livres régulièrement, quand son état de santé le lui permettait, ce qui me donnait la possibilité de continuer dans mes efforts et entamer de nouveaux projets. On s'écrivait en français, puis également en catalan, occitan et peut-être en espagnol aussi.
    Je me souviens qu'au printemps 2014 j'avais une grande envie d'aller voir Bernard pendant les vacances et je le lui ai timidement suggéré, mais je sentais que sa maladie, dont je n'ai noté que de rares symptômes lors de ma visite à Église-Neuve-d'Issac, progressait et qu'une autre visite pourrait se montrer exigeante pour mes amis périgourdins. Est-ce que j'ai fait une faute ? Je n'en suis pas toujours sûr... Et je me posais cette question de nouveau quand la triste nouvelle sur le décès de cet « amic de lonh » est arrivée la semaine passé : je feuilletais les lettres que nous avons échangées et les livres qu'il m'a offerts et je me répétais combien je dois à cet homme incomparable.
    Dans une lettre, Bernard dit qu'il doit être beau de faire ses études et approfondir sa connaissance du castillan dans une ville historique et pittoresque comme Salamanque, mais il souligne qu'il faut ne pas oublier pour cela les langues minotaires, dont la situation n'est pas si sûre et qui doivent lutter pour survivre. Aujourd'hui, quand le flambeau que Bernard portait depuis tant de décennies passe dans d'autres mains, je comprends cette phrase comme un engagement.

    Vit Pokorny