Jean-Claude Dugros propose une série de toponymes qui font référence au monde animal. Compagnons naturels de l'homme, il font partie naturellement de son environnement.
La lauveta
L'occitan alauveta/'lauveta (nord-occitan), alausa/alauseta/lauseta (sud-occitan), désigne « l'alouette » (du latin alauda, d'origine celtique).
En Périgord, le toponyme existe sous les formes des variantes bien connues Cant-/Chant-, suivi du nom plus ou moins francisé : Cantalouette à Creysse, à Douville (forme ancienne Tenentia de Chantaloba, en 1399), à Paunat ; Cantelauvette à Pezul (en occitan Cantalauveta, prononcé /kantolaouvéto/), à Prigonrieux, à Ribagnac, Chantalouette à Angoisse, au Buisson-de-Cadouin, à Busserolles, à Eygurande-et-Gardedeuil (sous les deux formes Chantalouette et Chante-Alouette), à Pomport, à Saint-Priest-les-Fougères, à Savignac-Lédrier, à Grun-Bordas, à Hautefaye, à Laveyssière, à Limeuil, à Parcoul, au Pizou, à Saint-Antoine-Cumond, à Veyrines-de-Vergt.
Bien entendu, il peut s'agir de l'endroit où chante l'alouette, mais on ne peut exclure un composé *KANT- (hauteur rocheuse). Ici aussi, l'enquête de terrain sera déterminante.
Le nom de personne Calandre présent dans deux toponymes de Montpon-Ménestérol, représente l'occitan calandra (« alouette calandre »), bien présent dans le diminutif Calandreta, école où l'on apprend la langue et la culture occitanes.
Enfin, citons la plus fameuse chanson de Bernard de Ventadorn Can vei la lauzeta mover, qui porte haut et fort la fin'amor chantée par les troubadours :
Can vei la lauzeta mover Quand je vois l'alouette mouvoir
de joi sas alas contra·l rai, de joi ses ailes contre un rai
que s'oblid' e·s laissa chazer puis étourdie se laisser choir
per la doussor c'al cor li vai (…) tant la douceur au coeur lui naît (…)
Joan-Claudi Dugros