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Noms de familha e pitits noms - Page 40

  • Cronica de toponimia, per Joan-Claudi Dugros

    Après les « chafres » (sobriquets) qui sont à l’avantage de la personne, comme toute médaille à son revers, les travers et les vices que nos anciens ont su déterminer chez leurs contemporains perdurent encore aujourd’hui chez des porteurs qui n’en sont plus du tout responsables… 

    Los chafres : Canin, Canhard, Rechinhac

    Le nom de personne Cany est présent en Dordogne. L’occitan canin (du latin caninus) signifie « rude, âpre, sauvage ». Il a pu donner un sens figuré de « revêche, récalcitrant, mauvais coucheur ». Il est peut-être en deuxième élément dans le toponyme composé  Pécany à Saint-Chamassy : « la colline de la famille Cany. »

    La Cagnardie à Grand-Brassac est le domaine de la famille Cagnard ou Caignard, présente en Périgord. L’occitan canhard, dérivé péjoratif de can « chien », désigne un individu repoussant de saleté ou aussi un fainéant invétéré. On peut peut-être y ajouter les diminutifs Cagnolle à Cercle (aujourd’hui Gagnole à La Tour-Blanche-Cercles) et Cagnolle à Saint-Amand-de-Belvès. En pleine canicule (du latin canicula « petite chienne »), avèm la canha (on a la flemme) d’aller en plein cagnard (lieu où le soleil tape fort)…

    Rechignac à Brantôme (ou Richignac) : le nom de famille Rechignac (Rechignat) a son maximum en Dordogne. « À l’origine, il s’agissait d’un surnom correspondant au participe passé adjectival du verbe occitan rechinhar (« ricaner », et à l’origine « montrer les dents en grimaçant »). (Jean-Louis Lévêque), mais pour Réchignac à Chalais et à La Coquille, Yves Lavalade privilégie un « nom de domaine gallo-romain formé à partir du patronyme *Reccinius avec suffixe celtique –acos (la propriété de…). Comme le Recquignies de Maubeuge (Nord), porté Rechignies en 1257. » 

  • Cronica de toponimia, per Joan-Claudi Dugros

    Suite de la série proposée par Jean-Claude Dugros sur les noms de famille ou de toponymes qui font références aux sobriquets, les fameux « chafres ». Poursuivons la découverte de ceux d’ordre moral. 

    Los chafres : Savi, Prolhac, Paratge

    L'occitan savi, sabi, sapi signifie « sage » mais aussi « savant » (à l'origine la « sage-femme » était « femme de savoir, femme d'expérience »). 

    Bossavy à Payzac (forme ancienne Boissavy, Beausavi) : le bois appartenant à Savy, patronyme laudatif (sage, avisé), Peut être aussi nom de baptême Sabin (latin Sabinus). Les Sabines à Capdrot et Bois des Sabines à Proissans, sont peut-être des féminisations. Sabeyrou à Brantôme, relevé par Jean-Louis Lévêque : « Sabeiron, nom ou surnom de personne, diminutif dérivé du nom commun saber (savoir, connaissance) : petit savant. » 

    « Dans la Chanson de la Croisade (XIIIe siècle) le fils du comte de Foix es gentils e savis e a valor e sen (« il est aimable, sage, valeureux, de bon sens » ; laisse 197, vers 6). Que demander de mieux ? » (Yves Lavalade). 

    Les toponymes Prouillac à Payzac, à Manaurie, à Plazac, Prouilhac à Rouffignac-Saint-Cernin-de-Reilhac, Les Prouillacs à Saint-Amand-de-Vergt, peut-être Chez Prougnac à Mareuil, sont des noms de domaine gallo-romains, de Probilius-acum (de probus « loyal, de bonne qualité, honnête, vertueux »). Yves Lavalade envisage aussi pour ce toponyme le latin Proculus (enfant né tardivement) : comme le sens-tu-fariam occitan, que l’on pourrait traduire humoristiquement par « on se serait bien passés de toi »).

    Les Paratgies à Vitrac (A las Pararias entre Montfort et Sarlat en 1170, Mol. voc. de las Parorias, en 1475) fait peut-être référence au mot-clé de la lyrique occitane paratge : « lignée, noblesse ; vertu féodale occitane (XIIIe siècle) ». Les noms de personne Parachou (bien présent en Dordogne) et Parajoux (en Creuse) y font référence.

  • Cronica de toponimia, per Joan-Claudi Dugros

    Suite de la série proposée par Jean-Claude Dugros sur les noms de famille ou de toponymes qui font références aux sobriquets, les fameux « chafres ». Poursuivons la découverte de ceux d’ordre moral. 

    Los chafres : Durand

    L'étymologie du nom de famille Durand / Durant est obscure. « Il faut sans doute voir dans ces patronymes des noms de baptême glorieux et guerriers au sens d'endurant, invincible (pensons à Durandal, nom de l'épée de Roland). » (Astor).

    On trouve en Périgord Durand à Florimont-Gaumier, à Monestier, à Veyrines-de-Domme. Le Durand est un hydronyme à Saint-Rabier, Chez Durand à Coutures et à Varaignes, Les Durands à Bourgnac, à Lamonzie-Saint-Martin et à Saint-Martial-de-Valette. La Durante à Lalinde est peut-être une féminisation. On trouve souvent le nom de personne en déterminant : Lo Prat de Durant à Domme (excellent occitan relevé par Peter Nollet), Le Claud Durand à Champs-Romain (pas mal non plus), Gué Durand à Lanouaille, Puy Durand à Fanlac.

    La construction classique nom de personne plus suffixe -ie, qui indique la propriété, l'appartenance, est très présente sous la forme La Durantie, à Paleyrac (La Durantia en 1351), à Champagnac-de-Belair, à Lacropte, à Lanouaille (château que le Maréchal Bugeaud fit édifier en 1845), à Rouffignac-Saint-Cernin-de-Reilhac, à Sainte-Croix-de-Mareuil, à Saint-Geyrac, à Saint-Michel-de-Villadeix, à Saint-Sauveur (Maynam. de la Durantia), Le Moulin de la Durantie à Mauzens-et-Miremont). Les Durantieres à Savignac-Nontron, aujourd'hui Durentière, est une autre forme de propriété. Une curieuse forme La Durantiode à Valeuil (cacographie ?). 

    Au Moyen Age, le nom connaît un franc succès. On le trouve à plusieurs reprises dans les chroniques de cette époque sous les formes Duran, Durant ou Durand : Durand (seul), Peyre et son frère Guilhem(ou Guilhó) Durand, Helias Durand, à Périgueux et Duran Baudèl à Bergerac.