Ecrivain français et collecteur de traditions populaires, Claude Seignolle est né à Périgueux en 1917 et fêtera prochainement ses 99 ans.
Profondément influencé par sa grand-mère qui lui a notamment conté « Jean de L'Ours » et affirmait avoir rencontré le Juif Errant devant la cathédrale Saint-Front de Périgueux, il est aujourd'hui « ravi de cette nouvelle version des contes populaires, la plus aboutie, la mieux structurée, avec leur langue d'origine ». Elle contient également les préfaces d' Arnold Van Gennepp, de Paul-Yves Sébillot, de lui-même et de Jean-Claude Dugros qu'il remercie vivement pour le travail de traduction accompli.
Les deux hommes avaient déjà travaillé ensemble pour la traduction en occitan de « L'âpre verdeur des légendes » et « Contes fantastiques d'Occitanie et d'ailleurs » ( éditions L'Anguis).
Voici, ce que dit l'auteur de sa dernière version de "Contes Populars"
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Pourquoi cette belle et riche récolte des derniers fruits de la mémoire populaire ?
C'est que nous savions, Jean Roller et moi, que leur souvenir s'étiolait et disparaissait peu à peu chaque jour, chassé par la TSF écoutée collectivement et tueuse de « veillée » à l'ancienne. Ce qui appelait une télévision qui se laissait deviner comme une merveille attendue : l'Image des mots !
Chacun savait encore les nombreux contes qui étaient les « maîtres » des soirées-à-rêver. Et qui, n'en savait pas au moins un petit « morceau » que l'on pouvait recoudre avec d'autres pour faire un « tout » vivant, distrayant ou émouvant à entendre dans une sincère « participation » ?
Ainsi, jadis, la richesse, ou les malheurs, des châtelains – les petits rois du coin – pouvaient être partagés par les plus croquants de leurs sujets, qui s'en réjouissaient ou s'en attristaient. Ils aidaient à vivre.
Et cela ne sera plus jamais oublié grâce à la vaillante « dynamique » de Jean Roller et de ses élèves qui sont allés « secouer » à temps les mémoires où se flétrissait peu à peu cette musique de mots.
En 1945, la chance était encore là. À Saint Martin, on s'en souvenait fortement. Il suffisait de « gratter » pour les entendre. Les voici sauvés et perdurant pour toujours dans leur précieuse traduction en occitan par Jean-Claude Dugros, maître en cette « langue d'honneur » de nos terroirs qu'il sert avec une vaillance jamais prise en défaut.
Et un grand merci par delà les années, de votre « quête », jeunes amis d'alors, Paul Bitard, Paul Ley et vos camarades, Albert Lespinasse ainsi que d'autres, hélas « partis », qui avaient aidé à recoller et recolorer la vieille mémoire conteuse de notre Périgord.
Cette chasse-aux-contes est maintenant devenue une fresque de marbre face au Temps rongeur. Tant (à peu près) comme ces images immortelles, noires et ocres que gardent énigmatiquement les parois de nos vénérables grottes préhistoriques. Premiers contes ? Première légende chasseresse ? (et pourquoi pas première B.D.?)
Claude Seignolle