Cronica de toponimia, per Joan-Claudi Dugros
Jean-Claude Dugros propose une série de toponymes qui font référence au monde animal.
Troisième partie des toponymes faisant référence aux insectes. Nous rappelons qu'il faut être extrêmement prudent lorsqu'on essaye d'en donner une interprétation. Une enquête sur le terrain et le recours aux formes anciennes (quand il y en a !), peuvent aider à l'explication.
Lo grelh, lo grilh
L'occitan grelh, grilh (nord-occitan greu), désigne « le grillon » (du latin gryllus) et on peut donc envisager que les lieux-dits qui portent ce terme, avec ses dérivés, représentent un endroit sec, ensoleillé, où l'insecte noir, sauteur, à grosse tête, stridule de tous ces élytres… mais grelh, grilh désigne aussi des rejets, une seconde pousse végétale, des taillis. Enfin, la racine prélatine GR-EL associée à la base *KANT- que nous avons trouvée tant de fois, désigne elle aussi un lieu rocailleux. Nous n'énumèrerons pas la trentaine de Cantegrel, Cante Greil, Chantegrel et Chante Greil, relevés par Gourgues dans son Dictionnaire topographique de la Dordogne, sauf pour noter les formes anciennes de Cante-Greil à Belvès (En Cantegrelly en 1462), à Carves (Cantagruelh en 1351, Mansus dict. de Cantagrelh en 1462), à Saint-Félix-de-Villadeix (Cantagreilh en 1660), à Millac-de-Nontron (aujourd'hui Chante Grêle) (Cumba de Chanta-Greu au xiie siècle), à Trélissac (Chantagrelh en 1325), formes anciennes dont on aura noté l'excellent occitan… Nous trouvons aussi Chante-Grelette à Varaignes et Chantegros à Eyzerac, à Firbeix (forme ancienne Chantegraud), en occitan Chanta Greu [ʼtsãtɔ grøj], dont Yves Lavalade nous dit : « ce genre de toponyme évoque couramment des terrains caillouteux où se plaisent les grillons, los greus. Une double composition prélatine peut aussi être sollicitée : KANT- (lieu en surplomb, en général rocheux) et GR-illum (issu de KAR- / GAR-, pierre, dureté). », et encore à Javerlhac-et-Saint-Robert, à Nasgringues et à Port-Ste-Foy-et-Ponchapt
Joan-Claudi Dugros