Jean-Claude Dugros propose une série de toponymes qui font référence au monde animal. Compagnons naturels de l'homme, il font partie naturellement de son environnement.
Perdigal
Perdigal est un nom de famille rare, mais bien présent en Dordogne. Il signifie perdreau en occitan. Le mot est composé du latin perdix, perdice (perdrix) et du gaulois gallus (coq). D'après Astor, cette composition s'explique par le fait que ce sont les mâles et les jeunes perdrix qui sont le plus couramment chassés. C'est de toute façon, un surnom…
Perdigal à Prats-du Périgord, Le Perdigal, à Carlux, à Saint-Pompont, Chas Perdigal à Saint-Laurent-la-Vallée ; Perdigat à Lalinde, à Limeuil (Hospitium sive boria de Perdigat en 1460), à Saint-Chamassy.
La Perdigalie à Saint-Capraise-de-Lalinde (forme ancienne Mayn. de la Perdigalia en 1455), sont les biens, les terres du nom de personne Perdigal.
La Perdicie à Jumilhac-le-Grand (autre forme La Perdissie) : ici c'est l'occitan perditz (perdrix), qui désigne les biens, les terres du nom de personne Perdic…
Et bien sûr dans la série des noms de lieux « qui chantent », nous avons Chanteperdrix à Payzac, à Saint-Front-la-Rivière, à Saint-Jean-d'Ataux, qui peuvent désigner la présence de notre bel oiseau ou bien à partir de la racine prélatine KANT- (hauteur rocheuse) des endroits plutôt arides et écartés.
Quant au lieu-dit À Grate Perdrix à Castelnau-Fayrac, nous sommes en présence d'une autre famille toponymique qui met en scène des animaux qui ne « chantent » plus mais « qui grattent ». Ici aussi, il peut s'agir d'un lieu fréquenté par cet oiseau « qui gratte », bien sûr, mais le vocable occitan grata désigne aussi un grès dur et siliceux. Si le toponyme est dans un endroit pierreux ou dans une montée, on peut y gratter le maigre sol en surface…
Peter Nollet a relevé dans l'état de section de Saint-Pompont (1838), le lieu-dit Le Pech Poury, qui s'avère être en définitive Lo Puèg Perdic, du nom de personne Perdic (perdrix), que nous avons rencontré à Jumilhac-le-Grand.
Le « pillard de Masduran » Jaque Perdís (relevé dans Le Livre de Vie, de Bergerac), devait être un drôle d'oiseau pour mériter ce surnom…
Joan-Claudi Dugros