Cronica de toponimia, per Joan-Claudi Dugros
Suite de la série proposée par Jean-Claude Dugros sur les noms de famille ou de toponymes qui font références aux sobriquets, les fameux « chafres ».
Los chafres : Ardit, Suau, Trigadinnar
Peter Nollet a relevé Chez l'Ardi à Sainte-Nathalène et Jean-Louis Lévêque précise que les formes fancisées Hardy, Hardi, Ardit, viennent de l'occitan ardit : participe passé de l’ancien verbe occitan *ardir (durcir), lui-même issu de l’adjectif germanique hard (dur, rude) ; à l’origine, il a donc pu être donné en tant que surnom à un individu endurant ou intrépide.
On le trouve comme déterminant dans Montardy à Gout-Rossignol et à Grand-Brassac et comme nom de personne à Bergerac : Ardit Colí en 1379, qui a comme profession tondedor : « tondeur de draps » et Helias de Puch Ardit e son filh en 1381.
L'occitan suau, suaud signifie « paisible, tranquille ». Le surnom a pu désigner un individu calme (du latin suavis, doux, agréable…).
On le trouve dans deux toponymes relevés par Peter Nollet : la Borie de Siaud à Proissans (formes anciennes : Laborie Dussau, à Laborie Dussiau, à la Borie Dussio) et Chiaud à Vitrac. Pour ce dernier, Peter Nollet précise : « en 1461, Et. Suau possédait une maison à Sarlat. À remarquer que le premier –u- se prononce [j] en occitan, comme dans buòu (bœuf) et uòu (œuf). ».
Trigodinat à Daglan (formes anciennes Triodinas, Triga Dinnar), Trigadinat à Nabirat, Trigaudinas à Urval, Trigodinas Triquedinat à Molières, Triguedinat à Vézac (formes anciennes Triguedinac, Chalp de Triguedinac, Trigadias : mot occitan composé de triga (avoir hâte) et dinnar (dîner). C'est l'endroit où il « tarde de manger », le nom de lieu a donné le nom de personne (surnom). Il apparaît plusieurs fois en Dordogne, ainsi que dans le Lot-et-Garonne, le Tarn-et-Garonne et le Gers. Il existe aussi des Trigueboire (Gers, Haute-Garonne, Ariège).