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Joan-Lois Leveque - Page 2

  • Perigòrd, ton nom es occitan ! par Jean-Louis Lévêque

    Troisième volet d'une série consacrée aux noms de famille par Jean-Louis Lévêque

    es noms de famille (patronymes) enracinés dans la terre du Périgord ont tous une identité occitane ; la grande majorité d’entre eux ont même été formés à l’époque où l’occitan était la langue unique du pays. Plus rapidement encore que les noms de lieux, ils ont été francisés à partir du XVIe siècle, notamment du fait de l’instauration des registres paroissiaux et des actes d’état-civil.

    Tout autant que les noms de domaine agricole ou les éléments de relief, les arbres, les plantations et la végétation en général constituent la clé étymologique de bien des patronymes. Le plus souvent, l’élément végétal à l’origine du nom de famille est un nom de lieu : arbre remarquable, étendue boisée où se distingue une espèce particulière, terre ensemencée ou parcelle plantée, espaces de vie ou d’origine ayant permis aisément de surnommer puis de nommer les individus. Mais il n’est pas impossible que tel type de culture, telle production fruitière, telle essence de bois, aient pu être attachés à l’identité d’un laboureur, d’un métayer ou d’un menuisier, indépendamment de son lieu d’habitation.

    Commençons par les références patronymiques à une espèce d’arbre, elles sont nombreuses et variées : Ciriers (généralement francisé en Sirieix, les cerisiers), Pomier (Pommier), Perier (Perrier, le poirier), Nogier (Nougier, le noyer), Lavernha (Lavergne, l’aulne), Jarric (Jarry, le chêne), Castanh (Castant ou Castang, le châtaignier), Fraisse (Fraysse, le frêne), Deltelh (Duteil ou Delteil, du tilleul). Prise collectivement, sous forme de plantation ou de bois, chaque espèce a également généré des noms de famille répandus : Pomareda (Pommarède, la pommeraie), Nojareda (Noujarède, la noyeraie), Verneda (Vernède, l’aulnaie), Beça (Besse, le bois de bouleaux), Chassanha ou Lacassanha (Chassagne, Lacassagne, la chênaie), Vaissiera et Vaisset (Veyssière, Veysset, lieu planté de noisetiers), Jarrija ou Garriga (Jarrige, Garrigue, lande plantée de petits chênes), Boissiera ou Bussiera (Boissière, Bussière, lieu planté de buis), Boisset ou Busset (de sens similaire).

    La palme revient sans doute au hêtre (en occitan lo fau), à lui seul à l’origine d’une dizaine de patronymes : Delfau (Dufau ou Delfaud), Faiard (Fayard, augmentatif), Fàia, Faja ou Lafàia (Faye, Fage, Lafaye, le bois de hêtre), Faieta ou Fageta (Fagette, diminutif du précédent), Faiòla (Fayolle, lieu où pousse le hêtre), Fait, Faitau (Fayt, Feytaud, de même sens), Faiton (Feytou, diminutif du précédent).

    (à suivre…)

  • Perigòrd, ton nom es occitan ! par Jean-Louis Lévêque

    Second volet d'une série consacrée aux noms de famille par Jean-Louis Lévêque

    Les noms de famille (patronymes) enracinés dans la terre du Périgord ont tous une identité occitane ; la grande majorité d’entre eux ont même été formés à l’époque où l’occitan était la langue unique du pays. Plus rapidement encore que les noms de lieux, ils ont été francisés à partir du XVIe siècle, notamment du fait de l’instauration des registres paroissiaux et des actes d’état-civil.

    Nous avons vu la fois dernière que de nombreux patronymes sont issus d’un nom de domaine agricole, lieu de travail ou de provenance commode pour surnommer puis nommer les individus. Un grand nombre de noms de famille trouvent également leur origine dans le paysage qui nous entoure et plus précisément dans les éléments de relief du territoire. C’est ainsi que les ancêtres des Delpuei (forme dialectalement limousine, en français Dupuy ou Delpey) et des Delpuèg (forme languedocienne, en français Delpech), si fréquents en Périgord, vivaient sur une colline. Il n’est d’ailleurs pas improbable que les Dupuy de Périgueux sont nommés ainsi parce que l’un de leurs aïeux habitait… au Puy-Saint-Front ! Même construction pour les Delmont (souvent francisés à tort en Delmon ou Delmond), dont les ascendants préféraient la hauteur à la vallée. Il faut également évoquer le relief pour décrire l’origine du patronyme Lasserra (Lasserre), toponyme d’origine préceltique désignant une ligne de crêtes (oc. serra, dont l’équivalent castillan est sierra).

    A l’opposé, les habitants des vallées ont donné naissance aux nombreux Lacomba (Lacombe, de l’occitan comba = vallon, terme d’origine celtique), aux non moins nombreux Lavau (Lavaud) et Laval (de l’occitan vau / val = vallon, sens similaire au précédent, mais terme d’origine latine) et aux fréquents Valada (Vallade, celui qui vit dans la vallée ou en vient). Dans le même registre, les Labaissa (francisé en Labaisse) sont originaires d’un endroit situé en bas ou en aval (oc. la baissa, qui a également le sens plus large de plaine, de pays bas). Enfin, les Lacòsta (en français Lacoste ou Lacotte) chercheront leur ancêtres dans un village bâti à flanc de coteau, entre hauteur et vallon, en un lieu souvent propice à la culture de la vigne…


    (à suivre…)

  • Perigòrd, ton nom es occitan ! par Jean-Louis Lévêque

    Premier volet d'une série consacrée aux noms de famille par Jean-Louis Lévêque

    Les noms de famille (patronymes) enracinés dans la terre du Périgord ont tous une identité occitane ; la grande majorité d’entre eux ont même été formés à l’époque où l’occitan était la langue unique du pays. Plus rapidement encore que les noms de lieux, ils ont été francisés à partir du XVIe siècle, notamment du fait de l’instauration des registres paroissiaux et des actes d’état-civil.

     


    Nombre de patronymes sont issus de noms de lieux ou de provenance. Il était en effet courant de surnommer, puis de nommer un individu en fonction du lieu où il habitait, ou du domaine pour lequel il travaillait, ou encore dont il se disait originaire. Une série de patronymes typiques du Périgord est ainsi construite sur les noms de domaine formés sur le nom d’un propriéraire avec le suffixe d’appartenance -iá, généralement francisé en -ie : par exemple, les personnes nommées Lajoinie ont très probablement un ancêtre qui travaillait au domaine de La Joaniá, c’est-à-dire à la propriété d’un nommé Joan (Jean).

    De même, les familles Leymarie sont historiquement liées à un lieu nommé L’Aimariá, c’est-à-dire le domaine d’Aimar (Eymard). Au total, cette construction est aussi prolifique d’un point de vue toponymique que patronymique : les Leymonie sont issus du village de L’Aimoniá (le domaine d’Aimon, francisé en Aymond ou Aimont) ; les Lapeyronnie viennent de La Peironiá (le domaine de Peiron, en français Peyrou, diminutif de Pierre) et les Laguionie de La Guioniá (le domaine de Guion, en français Guyon ou Guillon). Et les Lassudrie ont certainement eu des attaches à La Sudriá (chez Sudre), les Latournerie à La Tornariá (chez Tornier, surnom de tourneur sur bois), les Labrunie à La Bruniá (chez Brun), les Lajugie à La Jutgiá (chez Jutge, en français Juge), etc…

    Souvent, il arrive que l’article ait disparu sous la plume de l’officier d’état-civil ou lors du passage du toponyme au patronyme : Boissariá (Boisserie ou Boussarie, le domaine de Boissier) ; Rossariá (Roussarie, celui de Ros, en français Roux) ; Rojariá (Rougerie, celui de Rogier, forme occitane de Roger) ; Boissoniá (Bouyssonnie, celui de Boisson, en français Bouyssou) ; Clerjariá (Clergerie, celui de Clerc) ; et même Romaniá (Roumanie, dont les ascendants ne venaient pas de Bucarest, mais du domaine de Róman, en français Romain). Maintenant, c’est à vous de jouer ! Quels sont les anciens propriétaires qui se cachent derrière les patronymes suivants ? Faurie, Pestourie, Borderie, Renaudie, Larnaudie, Armandie, Bonnelie, Monerie, Rigaudie, Chapoulie, Pichardie, Meynardie, Chabaudie,..

    Jean-Louis Lévêque