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Joan-Lois Leveque - Page 2

  • Perigòrd, ton nom es occitan ! par Jean-Louis Lévêque

    Cinquième volet d'une série consacrée aux noms de famille par Jean-Louis Lévêque.

    Les noms de famille (patronymes) enracinés dans la terre du Périgord ont tous une identité occitane ; la grande majorité d’entre eux ont même été formés à l’époque où l’occitan était la langue unique du pays. Plus rapidement encore que les noms de lieux, ils ont été francisés à partir du XVIe siècle, notamment du fait de l’instauration des registres paroissiaux et des actes d’état-civil.

    Les noms de baptême, devenu à l’usage des prénoms, sont à l’origine d’un grand nombre de patronymes rencontrés en Périgord. En général, ils représentent soit la forme occitane d’un saint vénéré par l’Eglise, soit la forme occitane d’un nom germanique importé après la chute de l’Empire Romain (plus rarement les deux à la fois). Nous commencerons aujourd’hui par les noms de saints. 

    Le patronyme Alary représente majoritairement la francisation de l’occitan Alari (Hilaire, dont le plus célèbre fut évêque de Poitiers au quatrième siècle), mais une homonymie avec le germanique Alaric ne peut être totalement exclue. Andrieu et Andrieux sont des francisations de l’occitan Andriu (André, un des douze apôtres) ; de même, Bounet et Bonnet correspondent à l’occitan Bonet, et rappellent la mémoire d’un évêque de Clermont. Le nom de famille Constant découle de l’occitan Constanç, nom d’un martyr italien du deuxième siècle. Les Crespin sont liés à Crespin (Crépin, patron des cordonniers), les Estève à Estefe (Etienne, sous la tutelle duquel fut placée la première cathédrale de Périgueux), tandis que les familles Front et Frontou honorent bien sûr la mémoire de Front, premier évêque du Périgord.

    Les Géry ou Giry doivent leur nom à Geri, forme occitane locale de Gilles ; le patronyme Gervaise est quant à lui une francisation approximative de l’occitan Gervasi, forme semi-savante de Gervais, martyr milanais du premier siècle, alors que les Guilhem, Guillen et Guillain sont tous issus de l’occitan Guilhem (Guillaume). Le nom de famille Jammes est une francisation de l’occitan Jacme (Jacques), dont Jaccou (occitan Jacon) est une forme diminutive. Tout comme Jouannet (occitan Joanet) est une forme diminutive de Joan (Jean). Pour leur part, les Julian ou Jullian sont redevables à l’occitan Julian (Julien, martyr du Velay au quatrième siècle), les Macary à l’occitan Macari (Macaire), alors que les Marsaud doivent tout à Marçau (Martial, célèbre évêque de Limoges). En Périgord, le patronyme Marty (forme phonétique de l’occitan Martin) est au moins aussi répandu que l’est son homologue français ; l’évolution du patronyme Maury (de l’occitan Maurin) est similaire. 

    Les Michaud (du nord-occitan Michau) et les Miquel (du sud-occitan Miquèl) renvoient tous deux au même Michel. Tout comme les Nadaud (nord-occitan Nadau) et les Nadal (sud-occitan Nadal) au prénom Noël. Le nom de famille Nicouleau représente la francisation de l’occitan Nicolau (Nicolas), dont l’une des formes familières est Colinet.

    Enfin, nous n’oublierons pas les Laurenç (Laurent), Matiu (Mathieu ou Mathieux), Simonet (Simonnet ou Simounet, diminutif de Simon) et Tomàs (Thomas, Tomas et le diminutif Thomasson)...

    (à suivre…)

  • Perigòrd, ton nom es occitan ! par Jean-Louis Lévêque

    Quatrième volet d'une série consacrée aux noms de famille par Jean-Louis Lévêque.

    Les noms de famille (patronymes) enracinés dans la terre du Périgord ont tous une identité occitane ; la grande majorité d’entre eux ont même été formés à l’époque où l’occitan était la langue unique du pays. Plus rapidement encore que les noms de lieux, ils ont été francisés à partir du XVIe siècle, notamment du fait de l’instauration des registres paroissiaux et des actes d’état-civil.

     


    L’étymologie des patronymes attachés à un élément végétal ne se limite pas aux espèces d’arbres et aux mots qui en dérivent. Plusieurs noms de famille ont également été donnés en référence aux bois et aux forêts, espaces de vie et de travail très étendus à l’époque médiévale : ainsi explique-t-on l’origine des familles Bòsc (le bois, généralement francisé en Bost, Bos, Bosq mais aussi Beau), Delbòsc (du bois, francisé en Delbos, Dubos et Dubois), Bosquet (Bousquet, forme diminutive) et Laforest (Laforêt). Dans le même registre, les ancêtres des Bruelh (francisation en Breuil, Breil, Bruel ou Brel) et des Delbruelh (Dubreuil, Dubrel ou Delbrel) ont certainement habité ou travaillé dans un des nombreux villages du Périgord nommé (Lo) Bruelh (en fr. [Le] Breuil) : on pense que ce terme très ancien, évolution du gaulois °brogilos, désignait chez les Celtes un bois clos et peut-être sacré.

    Haies et buissons ne sont pas en reste : de ces formations végétales proviennent les Gòrça et les Lagòrça (francisations en Gorce, Gorse, Lagorce et Lagorse, de l’oc. gòrça désignant une haie vive et épaisse), les Delaja (Delage, de l’occitan aja = grande haie pour délimiter ou protéger), les Lespinassa (Lespinasse, de l’oc. espinassa = terre couverte d’épineux, notamment d’aubépines), les Labrossa (Labrousse, de l’oc. brossa = terre de broussailles et généralement pauvre), les Genest et Genesta (Genêt, Geneste et Gineste, de l’oc. genest = genêt), les Genebre (le genévrier) et bien sûr les Boisson (le buisson, francisé en Buisson et surtout Bouyssou).

    Nous n’oublierons pas les patronymes issus de la culture de la vigne, sans doute liés à des ancêtres vignerons, aux premiers rangs desquels on trouve les Vinha (Vigne), les Lavinha (Lavigne), les Vinhau (Vignaud, Vigneau, Vignal, de l’occitan vinhau = vignoble, parcelle de vigne) et les Plantier (de l’occitan plantier = parcelle de jeunes plants de vigne).

     

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    Troisième volet d'une série consacrée aux noms de famille par Jean-Louis Lévêque

    es noms de famille (patronymes) enracinés dans la terre du Périgord ont tous une identité occitane ; la grande majorité d’entre eux ont même été formés à l’époque où l’occitan était la langue unique du pays. Plus rapidement encore que les noms de lieux, ils ont été francisés à partir du XVIe siècle, notamment du fait de l’instauration des registres paroissiaux et des actes d’état-civil.

    Tout autant que les noms de domaine agricole ou les éléments de relief, les arbres, les plantations et la végétation en général constituent la clé étymologique de bien des patronymes. Le plus souvent, l’élément végétal à l’origine du nom de famille est un nom de lieu : arbre remarquable, étendue boisée où se distingue une espèce particulière, terre ensemencée ou parcelle plantée, espaces de vie ou d’origine ayant permis aisément de surnommer puis de nommer les individus. Mais il n’est pas impossible que tel type de culture, telle production fruitière, telle essence de bois, aient pu être attachés à l’identité d’un laboureur, d’un métayer ou d’un menuisier, indépendamment de son lieu d’habitation.

    Commençons par les références patronymiques à une espèce d’arbre, elles sont nombreuses et variées : Ciriers (généralement francisé en Sirieix, les cerisiers), Pomier (Pommier), Perier (Perrier, le poirier), Nogier (Nougier, le noyer), Lavernha (Lavergne, l’aulne), Jarric (Jarry, le chêne), Castanh (Castant ou Castang, le châtaignier), Fraisse (Fraysse, le frêne), Deltelh (Duteil ou Delteil, du tilleul). Prise collectivement, sous forme de plantation ou de bois, chaque espèce a également généré des noms de famille répandus : Pomareda (Pommarède, la pommeraie), Nojareda (Noujarède, la noyeraie), Verneda (Vernède, l’aulnaie), Beça (Besse, le bois de bouleaux), Chassanha ou Lacassanha (Chassagne, Lacassagne, la chênaie), Vaissiera et Vaisset (Veyssière, Veysset, lieu planté de noisetiers), Jarrija ou Garriga (Jarrige, Garrigue, lande plantée de petits chênes), Boissiera ou Bussiera (Boissière, Bussière, lieu planté de buis), Boisset ou Busset (de sens similaire).

    La palme revient sans doute au hêtre (en occitan lo fau), à lui seul à l’origine d’une dizaine de patronymes : Delfau (Dufau ou Delfaud), Faiard (Fayard, augmentatif), Fàia, Faja ou Lafàia (Faye, Fage, Lafaye, le bois de hêtre), Faieta ou Fageta (Fagette, diminutif du précédent), Faiòla (Fayolle, lieu où pousse le hêtre), Fait, Faitau (Fayt, Feytaud, de même sens), Faiton (Feytou, diminutif du précédent).

    (à suivre…)