Cronica de toponimia per Joan-Claudi Dugros
Hypocoristique de Joan, Joana ( 1ere partie)
Il était très courant que, dans une maison, le fils porte le même prénom que son père, ou le petit-fils, ou un autre descendant. Alors, on utilisait la suffixation occitane, qui pouvait être un diminutif simple ou double, un suffixe augmentatif ou bien un suffixe complexe qui joignait diminutif et augmentatif. Jean Rigouste, que nous remercions vivement pour son aide précieuse, nous précise que, riche de telles combinaisons, « le mot occitan, chargé de plus d’un suffixe, ne peut plus être traduit, sinon par une expression ou même par une phrase entière. ». Une ce ces pratiques porte le nom savant d’hypocoristique qui, nous dit Yves Lavalade, « sont des modifications affectives ou amicales d’un nom propre, d’un prénom. »
Les toponymes du Périgord témoignent de l’imagination créative de nos anciens. Pour commencer, nous choisissons le prénom Jean / Jehan, Joan / Joana, qui était le prénom le plus répandu au 13ème siècle. Jean Roux a relevé dans les livres consulaires de Périgueux et de Bergerac, une soixantaine de Johan et dérivés Johanet, Johana, Johaní (Joanin), Johanicòt, Johanorat, Johanòt, Joniquòt Mais le succès de ces prénoms ne se limitera pas au Moyen-Âge, ils sont toujours présents dans nos noms de famille et lieux-dits.
De nombreux toponymes sont composés du prénom Jean suivi d’un élément qui peut être un nom de personne, et qui ne rentre donc pas dans la catégorie des hypocoristiques. Souvent récents : Jean Demai à Audrix et à Journiac (le nom de famille Demai est attesté en Périgord) ; Jean d’Estève à Besse, Jean Géraud à Saint-Julien-d’Eymet, Jean de Négrot à Campagne (le nom de personne Negrot, rare, est attesté) ; Jean Michaud à Monestier. Pour Jancoupy à Vélines, l’étymologie est obscure. Peut-être un nom de personne, Coupy est attesté dans le nord du Tarn-et-Garonne ; Jeanganeau à Saint-Seurin-de-Prats : peut-être le nom de personne Ganau, Gannau, Ganeau, Ganneau ? non attesté en Périgord. Ou bien une forme avec un -g- analogique (comme les Jeangoulies, ci-après) ; enfin, mais peu probable, un Joan (u)ganaud ? ; Les Jangoulies au Change (forme ancienne Les Jangoulies ou Les Jaugoulies) : peut-être une autre forme à consonne analogique -t-. ; Jeango à Eygurande-et-Gardedeuil : Jeangaud ? Jeangot ?