Cronica de toponimia, per Joan-Claudi Dugros
Jean-Claude Dugros propose une série de toponymes qui font référence au monde animal.
Aujourd'hui, parmi les animaux domestiques, l’âne, en deux parties.
L’ase ( segonda partida)
Le sympathique animal est souvent associé à des anecdotes locales. Peter Nollet a ainsi relevé à Domme le lieu-dit Truffe l’Ane (formes anciennes Trufelaze en 1584, Fontaine de Trufe l’Ane, à la Fontaine de Truffe l’Ane), en occitan Trufa l’Ase [ʼtryfɔ ʼlaʒe]. Il nous donne l'explication suivante : « probable surnom, composé verbal de l’occitan trufar (tromper) ou far trufar (maintenir quelqu’un le nez au sol dans la poussière) et ase (âne). »
Autre lieu-dit relevé par Peter Nollet, à Bouzic Les Gaffes Lages (formes anciennes à Gaffe-Lage, Gaffelage), en occitan Lus Gafa l’Ase [ly ʼgafɔ ʼlaʒe] : « L’occitan gafa l’ase, composé de gafar (mordre) et ase (âne), peut désigner le chardon aux ânes. En toponymie, ce nom peut donc évoquer un lieu où pousse cette plante, mais il est bon de noter que F. Mistral signale dans son dictionnaire la signification de « lieu désert, isolé, où un âne risquerait d’être dévoré par les loups. Ensuite, il cite l’expression Es anada a Gafa l’Ase « elle est allée à Gafa-l’Ase » qui se dit d’une fille qui s’est mariée loin de la maison paternelle. Ici, c’est bien un endroit isolé. »
L'origine du nom de la commune Bourrou (formes anciennes Borro au XIIIe siècle, Borrellum en 1337, Nemus de Borrona en 1472 Beatus Michael de Borro en 1490). En occitan Borron prononcé /bourrou/, est peut-être un nom ou un surnom occitan, dérivé de borra /bouro/ qui désigne entre plusieurs autres définitions « l'ânesse, la bourrique »
On trouve les lieux-dits Bourre à Sarlat, La Bourre à Orliac et Les Bourriquettes à Villefranche-du-Périgord. Le nom de personne Bourre est attesté en Périgord.
Un autre mot occitan sauma, prononcé /saoumo/, désigne l'ânesse, la bourrique.
On le trouve peut-être dans Les Saumes à Manzac (Bordaria de las Soumas en 1489), et dans Saumet à Eymet et Le Saumet à Saint-Vincent-de-Connezac, qui désignent un éleveur, un possesseur ou bien un surnom peu flatteur ?
Grate-Saume à Lacassagne : la famille toponymique grata offre plusieurs directions de recherche et notamment le prélatin GAR- (roche, dureté) réduit à GR- plus le suffixe -at. On le trouve dans les endroits souvent pierreux ou dans une montée. Il est possible qu'on soit ici en présence d'un « passage difficile où l'animal doit donner toute la mesure de la sûreté de son pied » (Astor).
Peter Nollet a relevé à Daglan le toponyme Bel-Air qui a supplanté une forme ancienne Puech de la Sauma en 1454-1483, Pech de Saume, au Pec de la Saume, au Pech de Lasamme (sic), Pech de la Saume. C'est l'occitan Lo Puèg de la Sauma composé de l’occitan puèg (hauteur, colline) et sauma (ânesse).
La Reste-Saume : d'après Gourgues, c'était le nom d'un chemin de la Fargennerye à Saint-Pierre-de-Chignac, en 1747. C'est l'occitan l'arresta sauma « l'arrête ânesse » qui renvoie probablement à une anecdote locale.
Le Pissesaume à Bergerac est le nom d'un ruisseau dont le premier élément, fréquent en toponymie, indique un débit d'eau en comparaison avec celui d'une… sauma (ânesse).
Joan-Claudi Dugros