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Micheu Chapduelh en sa nature

Photo Micheu Chapduèlh, una pensada sauvatja P La Vau .jpgJ'ai eu l'occasion de visionner le film "Micheu Chapduelh, una pensada sauvatja " ( une pensée sauvage) de Patric La Vau et Joan-Francés Hautin, tourné au printemps 2017. Patric La Vau , qui a réalisé de nombreuses collectes occitanes en Médoc, avait déjà réalisé en 2013 un film " Lenga d'amor " tourné en nord Dordogne, lieu de ses origines familiales.

Cette fois-ci, c'est à l'auteur de « J'ai refermé mon couteau » et à son oeuvre occitane essentielle que Patric La Vau s'est intéressé. Il aurait pu choisir de nous montrer le conteur, l'animateur d'atelier de langue, le chroniqueur affûté...Il décide de nous faire rencontrer l'homme chez lui, à Agonac, dans son jardin, dans ses bois, avec ses proches, famille et voisins, à la source de son inspiration, "en sa natura". Et il réussit à le faire parler, dans ce lieu qui lui a fourni notamment l'essentiel de la matière pour ses livres « J'ai refermé mon couteau », Grand Prix Périgord 2012, « Un temps per viure » ou « De temps en temps ».

Et l'homme se livre, peu à peu : son rapport profond avec cette nature, les arbres, les animaux, qu'il tient des paysans, de famille, des temps anciens, païens, où l'homme en faisait partie sans s'en croire le maître. Il y établit des parallèles avec les civilisations amérindiennes, les pensées de Chief Seattle, les chamanes. De ces endroits, où il faut savoir prendre le temps d'observer, d'écouter, il sait trouver la part de fantastique : ici, une « boule lumineuse » sortie un soir d'été, le « lac » où se trouve « La Vielha » ou sa représentation dans un vieux châtaignier...Ailleurs , il fera remonter un souvenir de « La Memet » qui le portait dans son tablier en cherchant des champignons, redécouvrir un de ces fameux « Chamins Tòrnes » ( chemins fantômes).

"Sei pas mai aubre, mas me'n sovene", je ne suis plus arbre, mais je m'en souviens, disait Micheu Chapduelh il y a quelques années, trouve ici sa parfaite illustration. L'auteur dévoile également sa bibliothèque, son lieu de création, nous parle de ses fameux « mimologismes », ce qu'en occitan nous faisons dire aux animaux ou aux objets. Ce film lève un peu le voile sur la personnalité de l'auteur, constitue un complément intéressant à son œuvre et nous livre quelques clés pour mieux interpréter le monde vivant, « quela catedrala onte sente una fòrça, una presença ». D'une durée de 60 mn, en occitan sous-titré français, ce film documentaire est à la portée de tous.

"J'ai refermé mon couteau", le livre, nous faisait découvrir le sens des choses; "Una pensada sauvatja" le film nous rappelle où se trouvent les choses essentielles et combien elles sont précieuses.

Une approche intéressante au moment des grands défis de société et écologiques actuels.

Denis Gilabert.

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