Lo mes d'abriu(4) per Micheu Chapduelh
En avril, prudence de mise donc, comme le dit un proverbe dont la version française est des plus connues : « En abriau, Pauses pas un fiau ; Au mes de mai Faràs coma te plai... » En avril, ne pose pas (ne te dévêts pas d’) un fil ; au mois de mai, tu feras comme il te plait. La pluie d’avril est, sans aucun doute possible, bénéfique. Un seul proverbe, dans notre cueillette, la présente comme un mauvais présage : « Plueja d’abriu, Sechiera d’estiu ».Pluie d’avril, sécheresse d’été.
Alors que ceux qui en chantent les louanges sont une ribambelle : « Diu nos garde de la fanha d’aost E de la sechiera d’abriu ». Dieu nous garde de la boue d’août et de la sècheresse d’avril. « Abriu ploiós Fai mai joiós ». Avril pluvieux fait mai joyeux. « Plueja d’abrial Emplís granier e fenial ». Pluie d’avril emplit grenier et fenil. « Març ventós e abriu pluejós Renden lo paisan urós ». Mars venteux et avril pluvieux rendent le paysan heureux. « Març ventat, abriu trempat,
Lo revengut assegurat ». Mars venté et avril trempé, le revenu (la récolte et non point les dividendes)assuré. « L’aiga d’abrial Fai frotjar los pials ». L’eau d’avril fait grandir les cheveux.
Mais est-ce bien là un avantage ? « Au temps que chanta lo cocut Mandin banhat e vespre eissuch ». Au temps où chante le coucou, matin baigné et après-midi au sec. Souhait ou simple constatation ? « Aiga d’abriu Engraissa buòu e sagna tesson I a nonmàs lo moton Que se’n fot ». Eau d’avril engraisse bœuf et saigne cochon, il n’y a que le mouton qui s’en moque.
Voici un proverbe qui est devenu un tantinet mystérieux. Nos informateurs ont été incapables de nous préciser si « engraissa » et « sagna » étaient des impératifs (des conseils donnés) ou des indicatifs (des constatations de faits avérés). Malgré tout, la prudence reste toujours de mise :
« Paisan que garda pas lo fen que cal Per las pluejas d’abrial, Calcula mal Son trabalh ».
Paysan qui ne garde pas le foin nécessaire pour les pluies d’avril, calcule mal son travail.
Il était hors de question de laisser les bêtes au pré quand il pleuvait, à la fois par respect pour l’animal et par respect pour le pré que l’on ne voulait pas voir criblé de piadas, d’empreintes.
Michel Chadeuil